Avant de lire ce BG se référer au BG d'Heleor
Ce soir là, encore une fois, père n’était pas à table avec moi et Mère. Après avoir fait notre prière, nous avons mangé, je n’osais pas demander pourquoi mon père n’était pas avec nous, alors le repas continua dans le silence. Cela faisait quelque temps que Jilian s’enfermait dans son bureau à lire des livres. J’entendais parfois les cris de mon père quand ma mère essayait de rentrer pour le voir. Une fois sortie de table, ma mère me raccompagna jusqu’à ma chambre, comme à son habitude elle m’embrassa sur le front, sauf qu’à ce moment la elle versa quelques larmes en me souhaitant une bonne nuit. "Pourquoi pleurez-vous Mère ?" Elle glissa alors sa main sur ma joue en s’essuyant le visage de l’autre. "Tu es vraiment merveilleuse Dalia, va te reposer maintenant". Je rentrais alors dans ma chambre puis j’enfilais une robe de nuit et me glissais dans mes draps. J’essayais de comprendre pourquoi Mère pleurait, me demandant si c’était par rapport à mon Père. Finalement, le sommeil me gagna et je m’endormis. Dans la nuit j’entendis des bruits près de mon armoire, me figeant dans mon lit, les yeux embrumés par le sommeil, je ne voyais pas qui était près de mon lit. Je sentis une main se posant sur mon épaule et une voix me murmurant:
-Dalia … Dalia levez-vous, nous devons partir.
Je reconnaissais la voix de Martine, la servante qui veillait sur moi. Rassurée, je murmurais.
-Qu’est-ce qu’il se passe ?
-Nous devons partir, habillez-vous, je vous ai sortit des affaires, ne posez pas de question.
C’était la première fois que Martine m’ordonnait quelque chose, dépassée par ce qu’il se passait, je m’habillais rapidement et Martine m’accompagna hors de ma chambre. Une fois la porte passée je pouvais entendre les cris de ma Mère et de mon Père dans une pièce non loin, mon regard ne quittant pas la direction d’où provenaient les cris. Martine me tirait vers la sortie. Dehors je sentis un vent glacial sur mon visage, je plissais alors les yeux et demandais à ma servante:
-Pourquoi on s’en va ? Pourquoi Maman n’est-elle pas là ?
Elle ne dit mot et m’embarqua sur un stryder. Sur le chemin, je constatais que les champs n’étaient plus entretenus comme avant, que tout semblait mort. Mes yeux se fermaient malgrès tout et je me rendormis sur le dos de Martine.
La lumière du soleil me réveilla, j’étais dans un lit vétuste, j’observais les lieux qui m’entouraient, une petite commode en bois était la seule chose qui se trouvait dans la pièce, apeurée je criais: "Mère ! Mère !" La porte s’ouvrit et je vis Martine se précipiter.
-Calmez-vous … Dit-elle d’une voix douce, posant ses mains sur les miennes m’agrippant à mes draps.
-Où est Mère ? Où sommes-nous ?
-Nous sommes dans un village voisin, votre mère m’a dit de vous conduire ici.
-Pourquoi ?
-Ne posez pas de questions, votre mère arrivera bientôt.
Dans un hochement de tête je me levais et allais m’habiller avec les habits que m’avait pris Martine. Elle me prépara un petit-déjeuner que j’engloutis rapidement tellement la nuit m’avait creusée l’estomac. Nous étions chez un paysan qui nous avaient ouvert sa porte la nuit dernière en entendant les bruits de pas du stryder. Il avait l’air plutôt amical, me faisant rire avec des grimaces, mais il ne faisait pas souvent le ménage et donc pour le remercier Martine s’attelait à la tâche. Les jours s’écoulèrent, Martine me rassurant sur la venue prochaine de ma mère, en attendant je m’amusais à dessiner des personnes avec des épées. J’aimais beaucoup les épées, à la maison je contemplais souvent celles qui étaient entreposées comme des trophées. Une semaine après notre arrivée chez le paysan Martine vint me voir.
-Je vais aller voir ce que fait ta Mère, surtout ne bouge pas d’ici et sois gentille avec notre hôte.
J’hochais frénétiquement la tête, pressée de revoir bientôt Mère. J’observais alors par la fenêtre Martine partir sur le stryder. Trois jours après, pendant que j’étais assise sur les marches à l’entrée, je vis la silhouette d’un stryder ce profiler à l’horizon. Impatiente, je pensais que c’était ma mère qui venait. Seulement, lorsque j’aperçu un chevalier en armure blanche, mon sourire retomba aussitôt, pourtant ce visage me semblait familier. Il s’arrêta un moment pour discuter avec le paysan qui m’hébergait puis il s’approcha de moi. Le visage de cet homme semblait dépourvu de sentiments.
-Dalia, nous partons. Je dois m’occuper de toi pour le moment.
-Qui… qui êtes-vous ? Et pourquoi doit-on partir ? Et où est Mère ?
-Je suis ton oncle, Heleor. Un semblant de sourire apparaissant sur son visage.
-Je t’ai connu plus petite, mais je suis parti durant deux ans. Tu dois venir avec moi pour le moment.
-Heleor ! Je me souviens ! Ou allons-nous ?
-Nous allons probablement beaucoup nous déplacer dans les prochains jours. Je n’ai pas encore décidé de notre destination.
Il m’emmena dans ma chambre pour préparer mes affaires.
-Quand est-ce que je reverrai Mère ?
Sans un regard il me repondit:
-Pas avant quelque temps.
Je l’aidais donc à finir de préparer mes affaires et le suivi en dehors de la maison, je remerciais le paysan qui me fit une dernière grimace et salua Heleor.
Nous nous embarquâmes alors sur sa monture et nous quittâmes ces terres pour toujours.
Les années qui suivirent, Heleor m’appris à me battre, ainsi que la théologie. Il m’avait cependant laissé choisir le type d’arme que je voulais manier, le choix fut simple, ce seraient les doubles épées. Après m’avoir appris les bases j’ai du apprendre seule le maniement de ce type d’armes.
J’avais appris à ne plus poser de questions sur mes parents, mon oncle évitant le sujet à chaque fois, je le suivais alors avec le seul espoir de les revoir un jour.
Après avoir vadrouillé 10 ans à ses côtés, je savais enfin maitriser ces épées, j’en admirais toujours autant leur beauté. Du haut de mes dix-huit j’avais acquis la force physique nécessaire pour pouvoir porter une armure lourde. D’ailleurs, le jour de mes dix-huit ans, nous étions dans une des plus grandes villes du continent. Heleor m’avait dit d’attendre dans une auberge et il partit pour l’après-midi. Vers le coucher du soleil Heleor rentra les bras chargés de sac dont les cliquetis de ce qu’il contenait résonnaient dans l’auberge. Dans son dos on pouvait apercevoir deux lames.
-Ah, enfin ! Qu’est-ce que tu as fait tout cet après-midi ?
-C’est le jour de tes dix-huit ans, dit Heleor, un mince sourire aux lèvres.
-Bah je le sais bien et je l’ai passé dans une auberge !
-Excuse-moi, je souhaitais te faire un cadeau qui en vaille la peine.
-Oh, c’est vrai ? Qu’est-ce que c’est ? Dis-je avec un large sourire de gamine.
Heleor posa le sac sur la table, dévoilant ainsi une armure d’un noir profond.
-C’est… C’est pour moi ?
Heleor déposa ensuite deux épées à côté de l’armure.
-En effet, il est temps que tu ai tes propres armes maintenant.
Je bondis alors au cou d’Heleor pour l’étreindre chaleureusement.
-Merci mon oncle ! Je vais l’essayer de suite.
Je montais alors dans une chambre pour enfiler l’armure et contempla en même temps les deux épées qui étincelaient. Je descendis pour défiler fièrement devant les quelques hommes dans l’auberge et rejoignis Heleor en ignorant les sifflements des quelques pouilleux. Mes cheveux blonds et mon visage fin éveillaient apparemment les foules, l’armure étant parfaitement ajustée à ma silhouette gracieuse et sportive.
-Elle est magnifique, merci encore Heleor.
Entre temps Heleor s’était mis a fixer sévèrement un des hommes me sifflant, le faisant taire ainsi que tous les autres, puis il revint vers moi en souriant.
-Avec plaisir, c’est de l’équipement de bonne qualité, j’espère que ça valait la peine d’attendre ici.
-Ca va je te pardonne. Dis-je avec un sourire malicieux.
-Que tu es magnanime. Allons l’essayer.
On sortait alors de l’auberge silencieuse et nous nous dirigeâmes vers la sortie.
Le soir venu, après l’entrainement, Heleor m’annonça notre nouvelle destination.
-Nous partons vers la ville d’Aden. Il est possible que nous restions dans la région quelque temps.
J’avais l’habitude de voyager, l’annonce de cette nouvelle destination avait bien peu d’importance comparé à l’euphorie provoquée par mon nouvel équipement. Je suivit alors mon oncle, avec toujours cette admiration que j’avais pour lui, mais aussi cette légère curiosité quant à notre passé. Durant le voyage j’essayais encore une fois de me remémorer le visage de ma mère, je ne savais même pas si elle était vivante et j’avais peur de poser la question à mon oncle, de peur que maintenant il puisse me répondre. Le visage d’Heleor me rappelait celui de mon père, je le considérais comme tel maintenant, mais la présence de ma mère m’avait énormément manqué, surtout dans mon éducation en tant que femme, d’où le langage plutôt familier pour une demoiselle.
Je serrais alors mon médaillon, seul souvenir de ma famille, les Bralyon. Nous avancions alors vers ces nouvelles terres que je ne connaissais pas.