Nom : Daenerys
Age : 282 ans
Race : Elfe
Description : Naturellement pâle, elle semble avoir repris tout de même quelques couleurs ces derniers jours. Son corps, trop maigre par le passé, a repris des formes. De grands yeux vert d'eau ornent un visage fin, ses lèvres pleines ne sourient guère et montrent parfois un pli d'amertume a leur coin. De longs cheveux blond pâle, soyeux, tombent dans son dos. Elle semble être plus âgée qu'elle ne l'est en réalité.
Background :
Pour autant que je me souvienne, je n'ai aucun souvenirs de mon père, hormis l'apologie constante qu'en faisait ma mère. Je pense aujourd'hui que son départ l'a brisée, l'emplissant d'amertume. Pourtant elle donnait l'impression de le vénérer. Je sais maintenant que ce n'était que façade. Elle l'a haï à son départ. On m'en a toujours parlé comme d'un puissant mage, d'une intelligence supérieure. Ce n'est que depuis une vingtaine d'année que je sais qu'il n'avait pour lui qu'un visage agréable et un don pour le baratin. Magicien médiocre, doté d'une témérité .. une inconscience pardon, frôlant la folie. Se croyant à la hauteur, il avait affronté quelqu'un, à ce jour je n'ai pas trouvé qui, et en était mort.
Comment le pleurer? Je ne l'ai pas connu, je n'ai connu qu'une illusion, transmise par ma mère. Pourtant j'ai pleuré, non pas sur lui mais sur son absence. Inconscient, menteur, ... il n'en était pas moins mon père. Père que je n'ai pas connu.
Pour une enfant, ne pas avoir de père, surtout au village, pour les autres enfants, est une tare. Heureusement les mensonges de ma mère rendaient les autres enfants moins moqueurs vis à vis de moi. Dois je l'en remercier? Honnêtement, je ne sais pas.
Dans mon enfance, ma mère était quelqu'un de très lunatique. Pouvant passer de la plus aimante des mères à un parangon de vertu d'une extrême froideur... Ce qui au fil du temps finit par devenir une généralité. Quand j'ai quitté le village, nous n'avions plus grand chose à nous dire.
Mon départ du village se passa sans aucune effusion. J'avais appris d'elle tout ce qu'elle était en mesure de m'enseigner sur la magie et j'avais à m'améliorer par moi même. J'ai voyagé quelques temps. C'est ainsi que j'appris le sort connu par mon père et me suis décidée à être meilleur que lui. Peut être espérais je que ma mère exprime une quelconque fierté de me savoir sa fille, je ne sais pas encore si c'est cela qui m'a vraiment motivé. Devenir muse mystique, je m'y suis appliqué.
Giran était une ville assez laide à mon goût, mais je trouvais mon bonheur dans sa bibliothèque. Je progressais.
Je me souviens encore de ma rencontre avec Phenryth, un humain malade que j'ai veillé toute la nuit sur la place de la ville. Étrange personnage auquel je me suis liée d'amitié au fil des jours. Mais ce n'est pas cette rencontre en particulier qui changea ma vie.
J'ai un grand flou sur le moment ou j'entrais en possession des lames Akamanah. Ce fut de courte durée mais j'en ressortais fortement affaiblie. J'en faisais des cauchemars toutes les nuits. J'ai passé quelques jours assises sur la place de Giran, à lire parfois, à me reposer surtout. Et quelqu'un est venu s'enquérir de moi. Je devais être bien pâle à ce moment pour avoir attiré son regard. Je ne sais si je regrette de l'avoir rencontré, ça aurait été plus simple pour nous deux que ce ne soit pas le cas mais... je l'ai aimé, et je l'aime encore.
C'était un sombre, il se nommait Eliand'Hir. Je me méfiais de lui dans un premier temps, mais il était différent des siens. Siens.. non le terme ne convient pas, pas pour lui. Nous avons passé énormément de temps ensemble, apprenant à nous connaître, développant des sentiments l'un pour l'autre. Nous avons rejoint, ensembles toujours, le Gran Cross, fondé par Phenryth et prônant la liberté. Notre port d'attache était Gludin.
Inutile de dire que les autres sombres ne voyaient pas notre couple d'un bon œil... et c'est un euphémisme. Je me souviendrai toujours de cette sombre qui menaça tout fruit possible de notre union. A ce jour je pense que cette menace m'a trop marqué, car elle m'a amené à faire des choix que je regrette tant aujourd'hui.
C'est peu après que je suis partie apprendre l'art des plantes médicinales à Heine, au temple d'Eva. Ce qui au départ ne devait durer que deux semaines se prolongea, et changea ma vie... Je n'ai pas l'envie d'évoquer cette période en détail... mais je ne peux guère me dérober, comment comprendre sinon?
Il est faux de croire que mon peuple n'est composé que d'individus doux, sages, et aimables. Nous avons aussi des défauts, et certains plus que d'autres. Un elfe m'a pris sous son aile … sous sa coupe, Anarion. Tout mes souvenirs sont flous, je n'étais plus moi même. Son psychisme était puissant, trop pour que je le repousse. Je me donnais à lui alors qu'une part de moi hurlait après Eli.
Comment expliquer? J'étais possédé par cet être infâme. Je me souviens avoir été forcée de blesser Eliand'Hir. Il me pardonna pourtant, il ne m'abandonna pas. Il réussit à me soustraire à l'influence d'Anarion.
Je pensais que tout redeviendrais comme avant, mais ça ne dura pas. Les nausées m'apprirent que j'étais enceinte... et sans nul doute possible, le père était Anarion.
Je cherchais le courage de le dire à Eliand'Hir, au lieu de cela je le lui ai caché. Sans cesses les menaces de la sombre me revenaient en mémoire. Si Eliand'Hir avait accepté mon enfant, jamais il ne m'est venu à l'idée de m'en débarrasser, il aurait été en danger. J'ai choisi de protéger cet enfant qui grandissait en moi... et décidait de partir me réfugier au village. Fuir... Oui, je n'ai rien dit à Elian … je pensais que ce serait plus facile. Je suis rentrée chez ma mère, lui racontait tout. Je pense qu'elle m'a haï d'avoir aimé un sombre. Elle m'annonça une semaine plus tard avoir fait courir le bruit de ma mort. Plus simple mais tellement douloureux... Je n'ai su que bien après, par Elian... comment elle s'y est pris, mais à ce moment elle était déjà morte, et je n'ai pu … pu quoi? Me disputer avec elle? La haïr? Je ne sais pas.
Je mis au monde une petite fille. Elle me consola de tout car je l'aimais de toute mon âme. Comment décrire la douleur ressentie lorsque je la perdit quelques mois plus tard? Je ne peux pas. Je me renfermais sur moi même durant plusieurs mois, n'en sortant que pour me plonger dans les études, cherchant un échappatoire. Ma mère mourut quelques années plus tard. Je ne l'ai pas pleuré.
Il y a plus d'un mois, je dut me rendre à Rune pour chercher quelques plantes en provenance du nord. Je voulais prendre le bateau à Gludin pour ce faire. Peut être qu'inconsciemment j'avais l'espoir de revoir des visages familiers... Le bateau ne devait pas arriver avant quelques heures. Je tuais le temps en me promenant sur les quais familiers, sans trop m'approcher de l'entrepôt du Cross. Levant la tête je regardais le phare, endroit tout aussi familier. J'y avais passé nombres d'heures avec Elian. Au bord de la falaise, se trouvait un homme, du moins à en croire la silhouette. Il donnait l'impression de vouloir sauter. Il sauta... Sans savoir qui il était, je plongeais dans l'eau. J'ai passé ces dernières années à soigner les gens, me dévouant totalement à mon travail, pour ne plus penser. Je n'ai pu m'empêcher de continuer. L'homme réapparut à la surface, semblant sauf mais .. c'était lui.. Eliand'Hir. J'aurais du partir, j'ai été faible, je n'ai pas pu. Il croyait à un fantôme. Il n'en était rien. Pourquoi mes souvenirs sont flous dans ce genre d'occasion? Mon seul souvenir net était son visage. Il m'avait tant manqué...
Nous avons passé quelques temps à discuter … surtout pour réaliser que c'était bien réel, nous étions bien face à face. J'appris qu'il avait refait sa vie, qu'il avait un fils mais qu'il ne savait pas ou ils étaient. Je m'y attendait mais le choc fut rude. Après tout, j'étais morte...
Je revins pourtant le voir, souvent, au phare. Un espoir? Peut être, mais je savais qu'ils reviendraient. Nous étions dans une situation difficile, pénible. Je me rendais compte que ses sentiments pour moi n'étaient pas mort. Pour ma part, depuis la perte de ma fille, je réalise que je n'avais plus goût à vivre, sans doute en était il conscient.
Tout cela me torturait, je ne cessais de le ressasser. Il ne voulait pas que je disparaisse, pourtant ça aurait été le plus simple pour eux. Car ils sont revenus. Je l'ai vue à Giran. C'est à ce moment que j'ai fait ce qu'il ne voulait pas que je fasse. J'ai été faible, j'ai tenté de rejoindre ma fille, mais Eva ne m'a pas laissé trouver le repos dans ses eaux. Elle doit vouloir que je me reprenne.
Je suis restée quelques jours à l'infirmerie du temple, plus pour reprendre des forces qu'être soignée. Commencer à faire le point.
Il est venu me voir. Pur hasard je ne doute pas. Nous avons un peu parlé mais j'ai décidé de partir, de m'éloigner quelques jours. Je ne voulais pas voir leur bonheur.
Je me suis retirée dans cet endroit, cet îlot dans ce désert de glace. Margot m'amène le nécessaire. J'ai curieusement l'impression d'aller mieux, d'accepter de rester loin de ma fille. Peut être que mon acte irréfléchi m'aide en fin de compte. Je me sens moins faible, physiquement comme mentalement.
Je ne sais pas ce que je vais faire, mais je ne pense pas qu'elle m'ait laissé en vie pour rien...
Refermant le journal, Daenerys sortit de la maison, s'étirant dans l'air froid de l'aube. Demain elle irait à Giran.