[BG Sombre] Shaeldrin Ol'Draeth

Dans les couloirs sombres, la mélodie de la Souterraine, partout, s'est infiltrée.
La rivière des profondeurs, par son écoulement régulier et obsédant, s'est insinuée,
Comme une étendue d'eau infinie, agitée par l'abandon et l'amertume, elle fait résonner son chant.
Ses enfants aux accents mélodieux le lui promettent cependant, sombre engeance,
Des cauchemars des pâles s'élèvera Sa vengeance.

Dans les ombres infinies de la caverne abritant Nossta, comment aurait-elle pu savoir combien de temps cela avait duré... Affaiblie, à lutter, à avoir cette effroyable et écoeurante impression de vulnérabilité... Mais enfin, c'était terminé, et le ballot à son côté protégeait cette fille qu'elle avait tant attendue: sa fille.

Cela faisait deux fois, en quatre années seulement, qu'elle avait conçu. Choisissant avec attention dans ces mâles qu'elle mettait de temps à autres dans sa couche, celui qui pourrait le mieux lui faire enfanter ce qu'elle espérait.
Du premier, elle conçut une fille qui répondrait aux aspirations de la Déesse, et elle l'offrit à Son temple, pour répandre Sa voix en tant que yathrin.
Du second, elle fit une fille qui répondrait à ses attentes à elle, sa fille, une extension dont elle serait assurément fière, et qui porterait haut leur vénérable nom.

Elle avait toujours eu foi en leur Mère, Shilen, sachant qu'Elle lui permettrait d'enfanter deux filles, mais ces deux yeux verts étaient ceux du mâle qui lui avait servi, et cela la dérangea sur l'heure. Elle ne se doutait pas encore qu'elle en rirait plus tard, accordant à leur gracieuse Quarvalsharess ce trait de bonté. Ces yeux seraient la seule chose ressemblant à ce mâle, dans cet autrement parfait portrait d'elle-même.

Ainsi la négociante Jhulae Ol'Draeth abandonna-t-elle les longs voyages à son assistante afin d'éduquer la petite Shaeldrin comme il se devait. Du lac souterrain, dont la voûte cristallisée rendait les échos, aux couloirs nauséabonds qui remontaient jusqu'à la forêt décrépie qui fut jadis le lieu béni des Ilythiirin, des arcs séduisants du temple de Shilen aux cavernes abandonnées où se terraient quelques sous-êtres tout juste bons à finir rothen, la mère entraîna sa fille, lui présentant les aspects de leur monde et distillant l'enseignement de la Quarvalsharess, lui faisant goûter très tôt le sang autant que la prière.
Veldriira, la soeur de Shaeldrin, car de même mère, parfois les retrouvait, et une complicité malicieuse tissa sa toile entre les trois, sous le regard bienveillant de la Quarvalsharess.

Mais Jhulae n'était pas négociante pour rien, et certaines fourberies étaient tel un art qui aida sa fille dans la société délicieusement perfide qui était la leur. Depuis les mauvais tours entre élèves pendant les leçons de la Jabbress Trudy, jusqu'aux escarmouches sur les Terres Sombres, des cinglantes répliques aux mortelles touches, Ol'Draeth posait sa marque.

Puis les leçons se firent plus espacées, on envoyait peu à peu Shaeldrin à l'extérieur, de plus en plus loin, et avec de plus en plus de liberté. Fille de Shilen, elle avançait à présent vers sa destinée.

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Marche sans peur, dalharil d'lil Quarvalsharess,
Sois Sa voix, Son âme, Son bras,
Que tes lames deviennent de la mort la caresse,
Par ta ferveur Sa vengeance s'accomplira.


J'ai cette étrange impression de toujours avoir dansé sur la musique de ce monde.

Il nous arrivait, à Veldriira et moi, d'écouter pendant un temps interminable la langueur du Lac Souterrain. Ses eaux gouttaient lentement des stalactites, venant se fondre dans sa masse en répercutant leur chute dans l'infinité des couloirs de Har'Oloth. Son rythme donnait une âme à cette étrange mélodie, qui nous racontait la course effrénée de l'eau vers la vie, ses amours et ses guerres, le pourquoi de sa haine.

Les tunnels des profondeurs chantant en choeur les échos de l'imprudent qui ne sait en leur sein garder ses pas et ses mots. Au rythme du plus suave de leur murmure, on peut danser sur l'un des airs les plus secrets de la Mort.

Les arbres chantent, mélancoliques, le temps où nous étions avec eux. Le soleil ne sait les rendre heureux, toujours brûlant, jamais dansant. Passons sous eux, que leurs voix guident une fois encore nos pas.

N'entends-tu pas, ce flot incessant ? Ses airs se modulent dans les tourbillons de lames et de sang. Des âmes s'envolent au firmament, dans un râle, les lames sifflent, dans le vent. Ce rythme est enivrant, extatique. Dansons sur l'air des armes et du sang, dansons pour la plus grande gloire de Notre Mère.

Shilen tlu malla, jal ultrinnan zhah xundus.