Nom : Sathyne
Sexe : Féminin
Age : 353 ans
Anselmyr songeait à l’embuscade. C’est en traversant la forêt qu’ils avaient été attaqués par des brigants. Ils devaient rejoindre la Cité avec ses compagnons afin de soutenir et aider leurs frères Shilénistes.
L’affrontement fut des plus rapides et des plus meurtriers, d’une violence imparable. Les haches s’étaient abattues sur son groupe, fauchant ses frères avant qu’ils n’aient conscience de ce qu’il leur arrivait.
Les survivants furent impitoyablement massacrés. Malgré ses tentatives pour embrasser le funeste sort de ses frères, les assaillants l’avaient enchaîné et mené à cet endroit, loin des cadavres.
Il gisait au milieu de la clairière, les membres lourdement entravés par des chaînes. Son visage ensanglanté trahissait la fatigue. Agenouillé à même le sol, il ne bougeait pas. Une fine pellicule de neige recouvrait son armure, fendue de toute part. Seules quelques volutes d’air condensées s’échappant par intermittences d’entre ses lèvres prouvaient qu’il était encore en vie. Son regard était fixe et résigné.
Un grand brasier se consumait dans la partie nord de la clairière, les flammes saluaient avec chaleur l’astre nocturne. Une dizaine de brigants étaient rassemblés autour, dévorant avec ardeur le produit de leur chasse. Ils étaient encore sous l’effet de l’excitation du combat engagé et affichaient des visages crasseux à l’œil torve et au rire bestial.
Un peu à l’écart, un géant orc en armure était installé sur un tronc d’arbre. Son armure le recouvrait des pieds à la tête, de longues pointes ouvragées la jalonnaient, elles étaient encore rouge du sang dont elles s’étaient abreuvées plus tôt dans la journée. Avec une étonnante agilité, compte tenu de sa stature, il se leva et interpella deux de ses acolytes qui étaient devant lui et, lentement il détourna la tête vers Anselmyr ; ses yeux barbares dardèrent en direction de sa proie.
La voix caverneuse fit sortir Anselmyr de sa torpeur.
« Alors ! Comment te sens-tu ? Notre hospitalité te convient elle ? »
Anselmyr garda le silence, ses yeux noirs soutinrent le regard de son bourreau.
« Je prends ça pour un oui » ricana le géant
« Alors je suis au regret de te dire que la suite sera moins agréable. Nous savons que vous vous dirigiez vers la Cité et nous sommes sûrs que tu es porteur de renseignements intéressants. Notre politesse ayant des limites, il va être temps de nous en dire plus le sombre »
Anselmyr continua à fixer d’un regard défiant son obscur interlocuteur.
« Même si je savais quoi ce soit, je ne vous dirai rien, vous feriez mieux de me tuer dès maintenant »
L’un des deux détrousseurs lui administra une rude bourrade dans le dos. Anselmyr tomba lourdement sur le sol, son visage s’enfonça dans le sol glacé.
« Te tuer ! Tu vas mourir ; ça tu peux en être sûr, mais rien ne presse, nous avons tout notre temps. Avant de mettre un terme à ta misérable existence, nous allons nous divertir un peu, te mettre un peu plus à l’aise, pour délier ta langue »
Il fit signe aux deux crapules qui hochèrent la tête en souriant. Une avalanche de coups déferla sur le sombre, lui arrachant des cris de douleur. Il ne bougea plus. Le géant le prit à la gorge et le souleva de terre comme un fétu de paille. Ses yeux flamboyants éclairaient le visage de l’orc d’une lueur écarlate.
« Je suis Brarock, je connais bien la douleur et faire souffrir est un art auquel j’accorde le plus grande importance. Crois moi, avant la fin de la nuit, ton corps ne sera que meurtrissures et tu supplieras que l’on t’achève »
Plaqué contre un arbre, camouflé par l’obscurité, une sombre observait la scène depuis l’orée du bois. Vêtue d’une longue cape couleur muraille recouvrant l’ensemble de son corps, elle était affublée d’un couvre chef qui lui cachait le visage.
Lorsque le géant empoigna Anselme et qu’il le souleva du sol, elle banda son arc et visa.
« Au nom de Shilen » murmura t’elle
Le tir fût sec et précis. La flèche fila vers sa cible dans un long chuintement discret. Anselmyr eut un spasme lorsqu’elle pénétra sa poitrine, fouaillant ses chairs jusqu’au cœur. Il détourna lentement la tête en direction du bois et esquissa un léger sourire.
« Merci » souffla-t-il avant de sombrer dans le néant.
Brarock le jeta au sol avec rage et hurla des ordres à ses comparses.
« Retrouvez cet archer et ramenez le moi. Je le veux vivant » cria t’il alors que ses sbires partaient déjà à la poursuite de l’inconnu.
La mystérieuse tireuse courait entre les arbres avec une agilité de félin. Il y avait peu de chance que ses poursuivants la rattrapent. Elle connaissait ces bois pour y avoir vécu une partie de son enfance. Lorsque l’aube poindrait à l’horizon, elle serait déjà loin.
Elle repensait à Anselmyr, son frère de sang, au regard qu’il avait eu avant de mourir. Elle ne ressentait aucune culpabilité quand à son acte, elle avait agi avec compassion et amour.
Ils ne s’étaient jamais quittés, Anselmyr était l’ainé, il avait toujours protégé Sathyne de tous les dangers. Ils s’étaient engagés ensemble dans la garde qui protégeait la Cité. Elle maniait l’arc au côté de son frère qui se ruait sur les ennemis ou créatures, l’épée à la main.
La haine emplissait tout son être en réalisant qu’elle allait devoir vivre sans lui. Elle avait perdu son protecteur, son guide