[Elfe] Falderth Virvelunn’

Je me relevais en sueur, dans le noir de ma chambre, la lumière de l’astre de nuit perçant à peine entre les volets. Je me passais une main sur le visage, en essuyant les gouttes de transpiration de mon front. « Par Eva, encore ce rêve… » Je mettais un pied en dehors du lit, l’autre le rejoignant rapidement afin de me mettre debout et de quitter la pièce. Je claquais des doigts afin d’allumer les bougies posées sur la table de nuit, puis je ramassais mon équipement avant de quitter la chambre et de descendre. Le rez-de-chaussée de l’auberge était vide, seule la barmaid était encore derrière le comptoir, essuyant d’un geste adroit les gobelets et choppes qui plongent dans l’évier. Elle ne me jette d’ailleurs pas un seul regard, probablement habituée à mes descentes nocturnes et à ce que je sois, à part le vieux « Neuf-Doigts », comme à son habitude écroulé sur sa table, sa seule compagnie à une heure aussi avancée de la nuit. Je m’avançais alors vers le bar, la saluant d’un signe de la main que la serveuse ne semblait même pas remarquer, posant le gobelet qu’elle essuyait alors avant d’y verser le fond d’une bouteille de lait. Je m’empressais de vider mon verre d’une traite, m’essuyant le contour de la bouche d’un revers de manche en remerciant la barmaid et lui laissant un pourboire de quelques Adena.

Ensuite, je pris la porte, quittant la taverne pour la journée, sans me douter encore que je n’y retournerais plus. Le reste de la nuit fut le même de chaque fois que j’étais tiré du sommeil par ce mauvais rêve ; je passais tout d’abord devant la joaillerie, dont la vitrine, protégée par une grille en fer, m’éblouissait toujours, me rappelant l’époque où, pour trouver ma place dans ce monde, j’y avais travaillé. Puis mes pas me conduisaient vers les portes de la ville, que je franchissais d’une allure nonchalante, le regard fixe sur l’horizon noir, perlé de tremblotantes lumières. Puis j’allais m’asseoir sur ce que j’avais appelé mon « promontoire » et qui, en réalité, n’était qu’un simple rocher qui s’élevait dans la plaine. Là, assis sur cet inconfortable trône de roc, j’entamais mon habituelle lutte contre le sommeil, cherchant à chasser de derrière ses pupilles ces flammes qui dansaient, brûlant et tuant sans distinction aucune d’âge ou de sexe, dévorant un village entier dans des cris et des pleurs. Je hurlais, me réveillant pour la deuxième fois de cette nuit, sur mon promontoire. La fatigue avait gagné cette fois, m’emportant dans ses bras en m’y ayant attiré à l’aide de ses chauds et doux murmures, pour finalement me ramener dans cet enfer où mon cœur se consumait en silence.

Mes larmes tombaient sur le rocher depuis déjà de longues minutes lorsque le jour se mis à pointer. C’était l’heure où je choisissais normalement pour repartir en ville en attendant que la vie n’anime la cité, et qu’il me faille divertir les foules d’enfants assis sur les marches de la place principale. Or, ce matin-là, je décidais de m’attarder plus longuement, sans chercher à en connaitre la raison. Puis la journée passa, le soleil s’élevant peu à peu avant d’atteindre son apogée. Je n’avais pas bougé de mon siège et la ville devait surement être remuée de cris d’enfants, désirant voir danser les torches en l’air et me revenir en main. Alors que je me levais finalement, me tournant vers les murs de la ville, je la vis, une grande femme à la peau bleutée et aux vêtements obscurs et qui ne protégeait réellement aucune pudeur. La Sombre me souriait, geste incroyablement inquiétant chez cette race infecte et méprisable. Ses yeux luisaient alors qu’elle leva la main en riant, ma tête recevant un choc brutal qui me fit perdre conscience.

A mon réveil, je me trouvais dans une cellule aux murs aussi sombres que l’abjecte race qui m’y avait enfermé. Je n’étais pas enchaîné, ce qui portait à penser à un certain traitement de faveur de leur part ce qui n’était pas forcément quelque chose de bon. Les évènements qui suivirent, mon esprit préféra en effacer tout souvenir. J’avais subi les pires outrages, pour leur simple amusement. Je réussi à leur échapper, m’enfuyant sans me rappeler de quelle manière, si bien que j’en venais parfois à me demander s’ils ne m’avaient pas simplement relâché. Toutefois, jamais je ne repartis pour le village que j’avais quitté, plus jamais mes pieds ne foulèrent Eithel…