Je vivais avec mes parents au beau milieu d'une foret, bien au delà des terres d'Aden.
Nous ne manquions de rien, mon père cultivait les parcelles de terres fertiles autour de la maison pendant que ma mère s'occupait des animaux qui broutaient dans une clairière non loin de notre demeure. Il m'arrivait souvent de l'accompagner, ne serais-ce que pour m'émerveiller du paysage qui m'entourait, de l'herbe fraîche et tendre qui se glissais sous mes pieds. Le soir on pouvais entendre les grillons chanter sous les lueurs des lucioles. Parfois je m'allongeai, seule, sous un arbre, et je réfléchissais pendant de longue heures a ce que serais mon avenir… J'étais encore jeune et mon père me répétais sans cesse que j'aurais tout le temps d'y réfléchir.
Les jours passaient, et chaque semaine ressemblait à la précédente, mais je ne m'en lassais pas. Pourtant je sentais comme un manque au fond de moi, j'avais le sentiment que ma place était ailleurs… mais je ne savais pas ou. J'ai demandé à mainte reprise à mon père de me faire découvrir ce qu'il y avais en dehors de la foret, mais il trouvait toujours une bonne raison de ne pas m'y mener. "La foret est vaste, et tu n'est pas encore assez grande pour la traverser" me disait-il en riant. Je ne m'éloignais jamais bien loin de la maison lorsque j'étais seule, mais mon père m'emmenais pêcher avec lui dans un ruisseau situer a une bonne heure marche. C'étais pour moi un moment de bonheur, je jouais dans l'eau claire et bleutée avec Viel, un loup domestique que mon père m'a offert pour mes deux ans. Je me souviens qu'il râlait car nous faisions trop de bruit et de remous, ce qui l'empêchait bien évidement de faire bonne pêche. Ce ruisseau étais pour moi comme une barrière, un fossé… Jamais je ne me suis aventurer plus loin, pourtant je savais qu'il y avais de l'autre coter quelque chose de merveilleux…
A chaque retour de pêche, je m'empressait de me laver pendant que ma mère vidait les poissons à l'aide d'une petite dague. Cet objet m'a toujours intrigué, car il était particulièrement beau et raffiné. La lame étais fine, courte mais très eguisée, le manche, incrusté de pierres précieuses épousait parfaitement la paume de la main. C'était étrange de posséder un tel objet car la plupart de nos outils étaient taillés dans du bois, et ma mère me disait que c'était une dague qu'ils avaient trouver par terre en se promenant dans la foret il y a bien longtemps… Je la croyais.
A l'age de mes seize ans, mes parents décidèrent de me révéler des choses que j'ignorais totalement jusque la. J'ai appris que différentes races peuplaient le monde, que certaines de ces races se livrait bataille depuis une éternité et que cela avait entraîné de grands désastres ainsi que de grandes pertes. Ces guerres raciales, ou mages et guerriers s'affrontais sans cesse, ne donnais lieu qu'à des champs de ruines, parsemés de cadavres.
Je ne connaissais rien de tous cela et ne comprenais pas la raison qui pour laquelle ces guerres avais lieues. Ma mère me révéla alors la véritable provenance de la dague avec la quelle elle vidais les poissons, elle me dévoila en même temps l'histoire de son passé.
Elle faisait partie d'un petit groupe d'une dizaine de mages et de guerriers elfes, elle-même était une elfe spécialisée dans la guérison. Ils faisaient routes vers Giran, à la tombée de la nuit tous décidèrent d'installer le campement au pied d'une colline. Au beau milieu de leur sommeil ils furent attaqués par des elfes noirs et des humains, ne pouvant fuir, il n'avaient pas d'autre choix que de se battre pour survivre. La bataille fut courte mais intense. Une fois terminé, il ne restait que ma mère, à bout de force, tenant dans ses bras un guerrier elfe agonisant. Celui-ci lui tendit alors une dague couverte de sang en lui disant : "Continue de défendre notre cause, tu n'est pas seule..."
Le guerrier mourut sur ces paroles, seulement maintenant ma mère était seule et s'en étais trop pour elle. Elle perdit espoir en la cause qu'elle défendais, pour elle cela n'était devenu qu'une utopie. Elle décida donc de faire route, seule, en direction des terres elfiques, pour tenter de retrouver une certaine sérénité. Elle croisa en chemin un jeune elfe blessé qu'elle s'empressa de guérir grâce à sa magie. Cet elfe partageais les mêmes opinions qu'elle, et ils décidèrent donc de faire route ensemble. Ils se sont réfugiés dans une forêt calme et paisible, à l'abri de tous les dangers, en dehors de tous conflits et devinrent rapidement amants.
Suite à cette histoire, il naquit en moi une profonde envie de marcher sur les traces de ma mère, ce que je lui fit savoir immédiatement. Je n'oublierai jamais la réaction que dessinait son visage suite à mes paroles. Elle semblait à la fois heureuse mais troublée. Elle devait être ravie de savoir que je voulais défendre la cause qu'elle avait abandonnée, mais elle avais peur que cela se termine comme ce qu'elle avait vécu. Mon père ne fut pas surpris de ma réaction, il voyait que de jours en jours je rêvais de liberté et d'espace. Je crois que cette soirée fut la plus longue que je n'avais jamais vécu, en effet je profitais des derniers instants de bonheur en présence de mes parents, car j'avais décidé de partir à l'aube.
Le lendemain matin, mes parents décidèrent de m'accompagner a la lisière de la forêt. Je marchais pour la dernière fois sur le sol qui m'avait porté durant toute mon enfance. Je traversais la clairière en repensant aux cigales et aux lucioles qui faisaient de ce lieu un endroit unique. Nous marchions en direction du ruisseau. Je connaissais parfaitement le chemin et les devançais de quelques mètres. Apres une heures de marche j'arrivais enfin face au ruisseau, mes parents ne tardèrent pas a me rejoindre. J'étais heureuse, j'allais enfin pouvoir découvrir ce qu'il y avais au delà de ce ruisseau. Nous le franchissâmes aisément et nous commençâmes à monter a travers les arbres et les buissons. Le foret étais de plus en plus dense et il devenais difficile de se frayer un chemin. Ce fut une joie immense ainsi qu'un profond étonnement lorsque je traversa le dernier buisson. Devant moi ce dressait une vaste plaine verdoyante, au loin on distinguait un magnifique village. En voyant cela, je n'avais qu'une seule envie, je voulais préserver cette terre, je voulais qu'elle ne connaisse que la paix. Je me retourna pour saluer mes parents, en leurs promettant de revenir une fois ma tâche accomplie.
Je fis donc route en direction de ce village, pendant que mes parents s'enfonçaient de nouveau dans la foret. Je traversa la plaine en a peine un jour et j'arriva au porte du village. Un garde me stoppa et me demanda mon nom.
"Je suis Lycoris, une jeune elfe, je viens découvrir les environs et je cherche un endroit pour loger"
Le garde me laissa entrer tout en me conseillant de m'équiper car il étais dangereux de se promener en dehors de la ville sans armes. En visitant le village je découvris un temple dans lequel étais enseigné l'art de la magie. Je décida donc de suivre cet enseignement et partais régulièrement en dehors de la ville pour approfondir et parfaire ma maîtrise de la magie.
J’appréhendais le moment ou j’allais croiser autre qu’un membre de ma famille, autre qu’un membre de ma race… Comment allais-je réagir ? Comment allaient-ils réagir ? Moi qui n’ai connu qu’une vie paisible et harmonieuse.