Des sons de voix d'abord. Deux voix qui parlent doucement. Puis une porte qui s'ouvre, et le silence. J'ouvris alors à moitié les yeux et regardais autour demoi. Je me trouvais dans une petite pièce aux murs de bois, apparament pièce unique à en croire la porte entrouverte qui laissait entrer un rayon de soleil. Penchée sur une table, dans un coin, une personne. J'ouvrit les yeux pour de bon pour l'identifier. Une vieille femme. Une vieille femme qui se retourna vers moi et sourit gentiment en me voyant éveillée. Je laissais échapper un soupir et me redressais. Ce ne fut qu'à ce moment que je m'aperçus que mon corps était ankylosé, et mon aile froissée, mais je m'efforçais de ne rien en montrer.
"Tu es enfin réveillée, Marie." me dit la vieille femme.
Marie ? Ce prénom résonna dans ma tête, longtemps, mais n'éveillait aucun souvenir. D'ailleurs ... d'ailleurs je n'avais aucun souvenir. J'essayais de me rappeler comment j'étais arrivée ici, en vain, de me rappeler mon passé, en vain, de me rappeler mon nom ... Rien. Le vide complet. Mon visage contrarié dut l'interpeller car elle ajouta rapidement : "Marie était le nom de ma fille, je t'ai appelé ainsi les cinq jours que tu as passé ici, mais tu peux peut-être me dire ton nom à présent ?"
Elle me tutoyait, et cela m'arracha une grimace. Je hochais la tête lentement.
"Et bien ?" demanda la vieille femme, légèrement inquiète.
"Comment suis-je arrivée ici ?" articulais-je lentement.
Durant les deux heures qui suivit, elle m'expliqua qu'elle m'avait trouvé dans la forêt, inconsciente, et que son fils m'avait porté jusque chez elle. Depuis elle s'était occupé de moi. Visiblement, elle avait perdu sa fille peu de temps avant et je représentais une sorte de miracle à ses yeux. Je ne dis rien et écoutais patiemment, embarrassée. Je ne pouvais pas rester, je ne pouvais pas, mais comment le lui dire ? Encore une fois, il sembla qu'elle devina mes pensées.
"Tu n'es pas ma fille, Marie. Je savais qu'à ton réveil tu partirais." déclara-t-elle posément, alors que je la regardais d'un air surpris. "Prend ceci ... pour te souvenir de moi." ajouta ma bienfaitrice, en me donnant un pendentif. J'observais la petite statuette en forme d'oiseau au bout de son cordon de cuir et l'accrochais autour de mon cou. Puis, sans un mot, je me levais et me dirigeais vers la porte. Je me tournais vers la vieille femme et lui sourit légèrement. "Je ne vous oublierais pas. Merci pour tout." C'était la moindre des choses ... Après ces dernières paroles, je quittais sa cabane et m'enfonçais dans la forêt. Lorsque je fus assez loin, je me laissais choir sur une pierre, au bord d'une rivière, et réfléchis. Je ne savais pas où j'étais. Je ne savais même pas qui était cette femme qui m'avait sauvé. Elle n'avait pas d'aile comme moi, sa peau était pâle, donc elle était différente de moi, mais après ? Qu'allais-je faire dans ce monde dont je ne connaissais rien ?
Plus étrange encore, j'avais perdu mes souvenirs mais mon caractère était affirmé. Etait-ce mon dernier lien avec mon passé ? C'était en tout cas tout ce que j'avais. Mon instinct. Je me relevais donc et me dirigeais vers la rive. Un coup d'oeil dans l'eau me réapprit mon visage et ma coiffure. Je remis en place mes cheveux, me regardais un peu plus longtemps, puis je repris mon chemin. Je mis à contribution mon imagination pour me trouver un nouveau nom, et optais pour Letha. Une nouvelle vie m'attendais. Mon instinct dirigera mes choix. Et j'étais curieuse de découvrir ce qui m'attendais.
Quelques heures plus tard, j'atteignis un village. Les gardes étaient d'étranges personnes, minces, sveltes, à la peau pâle et aux oreilles longues. Décidée, je m'approchais des portes, prête à découvrir un nouveau monde.