[Humain] Martell Evanie

Nom : Martell.
Prénom : Evanie.
Classe : Bishop.
Culte : Einhasad.
Caractère : Pondérée, distante, réfléchie.




Même la plus humble des abbayes peut retenir sous le sol couvert de la douce pénombre de son cloitre des trésors de connaissance, retenu là, sous le sceau secret de la poussière par quelques esprits timorés ou à la raison chancelante, car il ne peut en être autrement.
Mais tous les trésors ne sont pas pour autant bon à posséder.

C’est l’un de ces bijoux, prenant sur cette terre la forme d’un parchemin qui occupe présentement les pensées et le temps de méditation studieuse de l’initiée Martell Evanie.

Citation :

Si la perfection ne peut être que divine et si nous sommes les seuls gardiens de nos âmes, qui alors protègera notre éternité du fourvoiement et de la tentation. C’est par ce que nous sommes conscient de notre humilité, que des actes désespérés sont parfois nécessaires.

Liturgie d’Einhasad,
Date inconnue, Auteur classé à l’Index.

Le scriptorium est vide à cette heure avancée, et il faut rendre grâce aux faibles chandelles, qui par une lueur vacillante, viennent soutenir celle d’un âtre poussif plus vivotant que flamboyant juste bon encore à expectorer quelques miasmes de cendres et de fumée avec un craquement qui fait écho sur les briques rouges de la cheminée.

L’odeur du bois des pupitres, des encres précieuses, des vieux registres poussiéreux, soulignée par une fragrance ténue mais âcre de fumée viennent vous rappeler qu’il est bon être chaud quand dehors la pluie se manifeste en martelant un carreau qui semble prêt à céder sous ses avances.

Une ambiance propice à l’étude et au recueillement, dont visiblement elle jouirait seule, une fois encore, les autres initiés bien trop las à les croire, pour pousser leurs études et méditations à une heure si tardive ; Indignes et hypocrites, voilà tout.

A dire vrai cette solitude renouvelée une fois de plus en cette soirée n’est plus pour la surprendre.
Si au début de son noviciat ses condisciples se fendaient de sourires et salutations de circonstance, sous prétexte de bonne amitié, quand les esprits se renforcent avec l’âge et que les personnalités se forgent au même titre que les idées, les hypocrisies de façades ne suffisent plus.
Se heurtant face à un mur d’ignorance quand elle venait à partager le fruit de ses méditations auprès de ses frères et de ses sœurs, elle fini par se résoudre à garder pour elle ce qui ne pouvait être qu’une vérité absolue ;
Ignorants et inconscients, ils devront en payer le prix devant leur mère.



Ce n’est que durant ses travaux écrits qu’elle pouvait enfin librement coucher sur le parchemin, avec un soin et une minutie gageant d’un prosélytisme naissant, le fond de son âme et partager avec des lecteurs éventuels ce qui pour l’heure n’était réservé qu’à sa déesse par le truchement de ses prières.

Ces mêmes écrits l’avaient conduit plus d’une fois à être convoquée par le Diacre, saint homme selon ses fidèles, gardien de l’abbaye ;
Vieillard couard et dépassé, lui non plus ne voit il rien venir ?

Et sa dernière production n’échapperait pas à la règle, ouvrant la double porte massive de son bureau, l’homme était là et las, assis dans son fauteuil, dans une ambiance austère, au moins devait elle lui reconnaitre cela, il savait où était sa place, quel était son rang.
Allait il lui sévir encore ses sermons sur la tolérance de notre Culte, et la douceur infinie notre mère déesse ? ; Ineptie de qui veut vivre dans l’insouciance, et se complaire comme un mouton inconscient de sa fin toujours plus proche, Elle sait être à la fois la mère et le bourreau.
Pour ne pas changer, il tenait dans sa main son étude, le sujet de sa convocation, un cérémonial niévreux et prévisible servi à chacune de leurs entrevues, et répondant toujours à ce même rituel, il commença par lire sa production :

Citation :

De la faiblesse de l’un naquit la folie des autres et la douleur du commun.
Si le faible ne peut être sauvé, ne redoutez pas son sacrifice.

Oubliez les sacrilèges, leur temps est révolue, au plus chaud de la flamme, ils trouveront la vérité.

Nous ne sommes pas un peuple, nous sommes une voie, il n’y pas d’autre chemin, ni différente façon de l’aborder, c’est dans l’unité que nous formons le tout, c’est par le groupe que notre identité prend corps et âme.

Nous ne connaissons ni pardon ni merci, si le faible par ses actes souille notre nature c’est par la pénitence qu’il rachètera son statue ou par sa mort qu’il pourra espérer et son salue et celui de ses frères.
Car notre sang notre est tout à la fois le gage de notre passé, notre identité et notre quintessence future, nous ne saurions le voir être mêlé et s’appauvrir.

Aujourd’hui encore nous payons les fautes de nos mères, hésitations ou faiblesses à agir dans le sens du bien commun nous ont conduits aux plus basses concessions, notre fierté d’hier s’est mue en courbettes de circonstances et autres serments de paix.
Tout être digne de notre sang ne devrait être mu par aucune autre volonté que celle de le rétablir au rang qui lui échoit, c’est donc par la plus grande sévérité que devront être jugés les traitres à la voie, ceux qui par leurs mots ou leurs actes fourvoient notre destiné devront paver de leur cris et de leurs larmes la route de leurs rédemption.

Agissons avec discernement mais sans concession, dur dans nos choix, intransigeant avec le commun, notre nom doit retentir comme la vérité absolue, tout à la fois crainte et adorée comme la parole de notre mère.

Cette vérité étant l’absolue, il est de notre devoir de l’imposer pour la salvation des justes, et puisse t’elle mortifier les chaires et les âmes des infidèles.

Etude de l’initiée Martell,
Sujet : Liturgie Apocryphe,
Document classé à l’Index.

Naturellement la dernière ligne venait d’être apposée par le diacre en personne, cette sentence de mise à l’Index se faisait de plus en courante ces dernières années sur ses travaux, et il s’apprêtait à dire ô combien il était peiné d’en arrivait là, regrettant qu’elle n’embrasse pas la même félicité que ses sœurs sur la voie de la déesse ;
Ne me juge point car je suis le bras armé de ma mère.

Mais à sa surprise sincère, il ne commenta point la lecture, ni le fond du texte par ailleurs, gardant un silence lourd, presque gênant tant il était prolifique de longs psaumes sucrés et mielleux, art dans lequel il était passé maitre, il se contenta de replier le document, et d’y adjoindre une note personnelle et cachetée, et de lui tendre avec pour seule consigne et, le comprit elle sur le champ, pour adieux :

« Je ne puis plus rien pour vous ma fille, l’Evêque Grejeau vous fait mander, voici votre lettre d’introduction, il tient sur les coteaux d’Aden un scriptorium, vos travaux l’ont intéressé, prenez la route sur l’heure, et puisse Einhasad, notre mère vous garder, vous en aurez besoin sur la voie qui s’offre à vous. »

L’injonction était claire, et elle prit donc la route une fois ses effets regroupés, elle ne put se résoudre à se répandre en bons sentiments et adieux groupés : Pourquoi regretterais-je ses esprits étriqués ?
Aussi, elle quitta sans un mot l’Abbaye avec humilité.



Il lui fallu un temps d’adaptation, quitter toutes ces âmes rayonnantes, du moins à les entendre s’épancher sur la douceur de leur félicité, pour se retrouver jeter au sein d’un groupe d’initiés distants et froids ; Tout comme moi !
Tout comme elle, si fait, et tout aussi exalté qu’elle, partageant une pensée univoque, une raison en accord, et force fut pour elle d’admettre qu’elle se mit à bénir sa dernière entrevue avec le diacre de son Abbaye, tant elle trouvait là un terreau fertile pour s’épanouir dans sa voie.

L’Evêque Grejeau n’était pas homme à se perdre en long discours publiques, pragmatique et doué d’un esprit affuté, il préférait de loin les échanges privilégiés avec ses disciples au nombre de trois put elle en juger durant ces deux dernière années de noviciat.

Chacun de leurs échanges restaient gravés comme dans le marbre et tard encore, elle les méditait durant ses heures de solitudes volontaires, un trait qu’elle partageait avec ses nouveaux frères ; Ils ne comprenaient rien, ici est la voie de la raison.

« La justice temporelle ne peut se prononcer sur pareilles décisions, et si les dieux le peuvent, au final seule notre conscience en portera le fardeau…
… Nous sommes un mal nécessaire, nous faisions ce que à quoi le commun ne voudrait se résoudre, et nous en payons le prix chaque jour que les dieux nous offrent à vivre, peu importe la sentence de mes frères, ma dette je la paie du premier jour, et seule la mort saura me délivrer. »

Ce sermon l’un des premiers , l’avait particulièrement marqué, au point où elle se surprit à se le répéter telle une litanie, une douce mélopée, rayonnante de vérité en prononçant, face contre terre, humble devant la représentation de sa déesse, ses vœux de prêtrise ;
Je ferais ce à quoi le commun ne saurait se résoudre, car c’est la voie nécessaire pour la félicité de nos âmes.



Enfin ordonnée, l’égale de ses paires, elle peut maintenant se présenter là où la déesse l’enverra, avide déjà de pouvoir remplir son devoir sacré.