[Sombre] Melnarion Faedirgen

Melnarion Faedirgen

Comme la vie peut être terne parfois… Tant d’ingrats foulent ce monde… Le quotidien est pavé d’injustices… La rage m’arracha un cri et je mettais fin aux souffrances de mon ennemi en lui enfonçant profondément la lame de ma dague dans la gorge. Je n’avais pas vraiment eu le choix, avec ces énergumènes c’est à celui qui tuera l’autre en premier. Les hérétiques… Alors que nous nous battons pour rendre à Mère ce qui, dans cette terre, lui est dû, eux rejettent tout ce qu’Elle a fait pour les préserver et vont jusqu’à la trahir en tuant ses enfants. Je soupirais en contemplant l’œuvre de ma colère et j’espérais que la garde de Gludio n’aurait pas trop de mal à découvrir le corps et à le trainer jusqu’à une sépulture avant qu’il ne pourrisse dans la forêt. J’avais beau les haïr au plus haut point, cela me peinait toujours autant que d’enlever la vie à un frère.

Épuisé, je me laissais choir sur le sol et sortis de ma giberne de quoi nettoyer le sang qui souillait mon arme. Tout en prenant soin de ne pas en laisser une seule trace, je repensais au premier jour où cette dague m’avait servi à donner la mort, et de combien d’hérétiques elle avait bu le fluide vital depuis… J’étais devenu l’un de leur nombreux prédateurs et pourtant je prenais gare à ce que seule Shilen sache que je la servais avec autant de ferveur ; la popularité auprès de mes frères et sœurs m’importait peu et cela m’amusait même parfois de les voir s’attitrer la gloire de mes actes.

Ma vie se résumait à cela… servir Mère et traquer les hérétiques pour leur offrir une chance de rejoindre la seule bonne voie ou de les exécuter. Je n’avais plus ni proches ni familles et il était rare que je perde mon temps à conter fleurette à une femelle ou ne serait-ce qu’à une bouteille dans une quelconque taverne. Ma vie était terne, et je m’étonnais parfois de ne pas voir tout en gris tant c’était là la couleur dont j’aurais dépeint mon quotidien. Je savais qu’en étant ainsi fidèle et modeste envers ma Déesse, elle saurait être généreuse et dès lors que je ne serais plus à même de la servir elle m’offrirait le repos éternel. C’est tout ce que je lui demandais en retour de mon inébranlable servitude. Laissant mon esprit passer d’une pensée à une autre, je me surpris à rire alors que me revenait en mémoire le souvenir d’une histoire drôle que m’avais racontée un nain alors que je prenais mon repas dans une auberge. Il avait rejoint ma table sans même me demander si sa compagnie me dérangeait en quoi que ce soit, puis il avait tout simplement amorcé la discussion en me demandant si je connaissais l’histoire de l’orc et du petit cheval. Bien sûr, ma première réaction fut de l’ignorer, mais il n’attendit aucune réponse pour me la raconter. Jamais je n’avais entendu histoire aussi drôle, même sortie de la bouche d’un nain.

Enfin, cela me vole parfois un sourire et me permet de patienter jusqu’à ce que je pousse enfin mon dernier soupir…