Shuren et Luxure [Humain - Sombre]

Chapitre I : Dilemme nocturne

*voix résonnante* « Es-tu réveillé ? »

... *silence*

Ce fut une nuit difficile, j’ai du mal à trouver le sommeil. C’est encore ce genre de songe, quand on ne s’endort pas vraiment et qu’on attend dans le noir que le marchand de sable vienne nous chercher. C’est une longue période d’anxiété, à cogiter et à mélanger dans sa tête la plus insignifiante des idées jusqu’à en épuiser toutes les ressources. La pénombre est mon coin privilégié, là où je m’évade pour réfléchir. C’est un endroit paisible, silencieux où je peux fermer les yeux et écouter le bruit de ma respiration, où je peux m’écouter penser et laisser libre cours à mon imagination. Mais comme la perfection n’existe pas, toute bonne chose a toujours ses mauvais cotés, c’est donc ici aussi que mes cauchemars me rattrapent, me pourchassent.

« Tu ne dors pas ? »

Cette voix ...

Je ne me souviens même plus qui était à coté de moi cette nuit. Etais-ce toi ?

« Tu m’aimes ? » *voix d’Erini*

« Tu veux t’amuser ? » *voix de Luxure*

« Tu pense à quoi ? » *voix d’Haeldra*

« Tu pense à elle ? » *voix d’Aliénor*

« Tu pense à moi ? » *voix d’Espérence*


Encore une nuit agitée et perturbante, encore une nuit que je passe seul dans mon lit. Personne pour me tenir chaud, personne pour m’écouter ou à écouter. La solitude me hante, le manque de sommeil aussi.

Les fantômes de ces femmes me tournent autour, chacune désirant une chose différente. Une oreille attentive, un jouet, un peu d’affection, un peu de considération, un trop plein d’amour. Malheureusement mon sentiment est tristement toujours la même : Je n’ai pas ce que tu cherches car je n’ai pas de cœur à t’offrir. Le roc l’enferme, la glace le gèle, les chaînes l’étreignent.

« Qu’est-ce qui te tient éveillé ? »

Le travail, mon poste, mon trône, mon peuple, mon devoir. Dehors il y a des gens qui comptent sur moi, plus que jamais maintenant. Des affaires à régler, des peuples à rassembler, des conflits à atténuer, sur mes épaules grandit un lourd fardeau, mais je m'y tiens, et il n’est pas si dur à porter.

« Qu’est-ce qui t’empêche de dormir ? »

La peur. Qui sait tout ce que je dois encore accomplir. Je n’ai pas vraiment de temps à perdre, je dois continuer à avancer. Bien sûr, des gens sont là pour m’aider et me soutenir, des amis, des compagnons, si l’on peut dire, mais personne ne peut prendre ma place, je suis seul face à mon destin.

« Qu’est ce que tu attends ? »

Un signe, un message, une réponse. Comme tout le monde je dirais, j’attends que la lumière descende pour éclairer mon chemin encore trop obscur, j’attends qu’Einhasad se penche vers moi pour me dire quoi faire. En attendant, je vis.

« Tu peux te pousser un peu ? »

Me pousser, je ne pense pas, j’ai encore des … me … me pousser ?

_ Hi hi, t’es trop mignon, ricane une voix douce.
_ Luxure, tu m’agaces, reprit l’homme aux cheveux gris.
_ Tu parles en dormant, Majesté.
_ Assez, tu m’insupportes. Et puis d’abord qui t’as laissé entrer ?
_ Tu es grognon ... Ahem, je rentre comme je veux dans le château. Et puis je suis venue prendre des nouvelles sur notre petite affaire, où en es-tu ?
_ Ca avance, j’en serais bientôt en complète possession.
_ Bwael, c’était juste pour faire le point.

La sombre aux cheveux blancs et à la silhouette divinement sensuelle prit une dague sur la table de chevet, et joua avec du doigt en disant : « Le Roi a peur d’avoir de mauvaises visites nocturnes ? ». Elle avait cet air qu'on lui reproche tellement, un regard coquin et manipulateur, un éclat dans l'oeil qui inspire tout sauf la confiance et la gentilesse. Elle portait une de ses magnifiques et luxurieuses robes de soie qui décrivent si bien les courbes de son corps parfait, une sculpture taillée dans le marbre divin.

Mais l’humain aux cheveux gris, lui de son coté ne répondit rien, il resta dans la pénombre de sa sombre chambre à attendre que l'elfe s’éclipse. Lui aussi était beau, musclé et vigoureux, mais la pierre de sa statue avait été violentée. Des cicatrices sur tout le torse, sur les bras et dans le dos. Il gardait quand même un air à la fois sérieux et sévère.

Elle ouvrit un peu son décolleté et pointa la lame de la dague sur sa poitrine au niveau de son cœur. La sombre appuya légèrement dessus, et la lumière se fut dans la chambre. Une chaîne d’argent éthérée apparu entre les deux protagonistes, reliant leur corps dans un rayon de lumière bleue.

Luxure se mordit la lèvre. Shuren ne bougea pas. Elle recula peu à peu avant de disparaitre derrière l’embrasure de la porte.

« Ce lien, tu voudrais, mais tu ne peux pas le briser. »