[Bg Nain] Nynaeve

La neige crisse doucement sous les bottines de deux compères nains, les joues rosies par le froid ou d'autres diraient par les vapeurs de tièdes cervoises.
Ce genre de fins de soirées qui poussent deux nains à prendre leur temps sur le chemin de retour, profiter autant que faire ce peut de la fraîcheur hivernale adoucie par l'alcool qui réchauffe les cœurs et panse les âmes.

C'est donc par une soirée comme celle-ci que nos deux nains liés par une sincère et franche camaraderie arpentent les ruelles du petit village haut perché dans la montagne, croisant quelques villageois, amis ou connaissances que la nuit poussent vers leurs foyers, d'aucun rentre le bétail, ou alors du bois pour tenir la nuit et son souffle glacial en respect loin de la masure.

Ce sont ces moments bénis de Maphr qui vous rappellent combien il est bon de vivre chez soi, tout du moins jusqu'à ce que nos deux fiers aventuriers croisent la route du domaine d'une jeune forgeronne.

« Sang et cendres »

*Un petit marteau servant au modelage des pièces fines vient par son envole puis le fracas de son atterrissage dans les réserves de fer, appuyer ce juron coutumier, lancé d'une voix aigue et trahissant une exaspération certaine*

Interdit, nos deux nains restent sur place

« Et ils appellent ça du cuir, qu'il ose s'repointer avec sa marchandise, et j'lui bourre le pif …. »

Le propos se poursuit en une avalanche d'injures que la décence interdit de consigner en ce lieu, accueilli par des gestes de reculs successif de nos deux nains qui ne doivent leur présence et leur désillusion qu'au caractère fortuit de leur randonnée nocturne.

« J'en ai ma claque, 'pas ici que je finirai mon mignon, j'mets les bouts puis c'est marre »

*D'un pas rapide et décidé, une petite silhouette énergique se dessine en contre jour de l'imposant foyer de la forge pour la quitter en direction du village, croisant nos deux compères, visiblement pas en gène d'avoir été surprise dans cette saute d'humeur, elle se contente d'un rapide et vif signe de tête accompagné de quelques propos désobligeants à destination des dieux seuls connu*

La surprise passée les deux amis échangent un rapide regard et un haussement d'épaules, avant de poursuivrent leur route.

C'est qu'on la connaît bien au village la petite Nynaeve, et en dehors de son caractère bien trempé et parfois emporté, surtout par les vapeurs du vin de taverne, elle était de bonne composition on lui reconnaissait deux choses, son endurance aux produits du brasseur local, ce qui même sans être digne d'éloge soulignait une constitution antinomique avec son apparence chétive, mais surtout sa maîtrise de l'art de la forge.

Aucun citoyen n'a jamais eut à redire de son ouvrage et loin s'en faut, cependant ce noble constat qui suffirait à la quiétude d'esprit de n'importe quel artisan n'était pas pour la satisfaire, et elle le faisait savoir à qui voulait l'entendre.


La taverne raisonne encore des récits et des envolées lyriques abondamment soutenues par l'orge au sujet de son projet. A l'oraison du printemps dernier, un itinérant lui avait vendu la reproduction sur parchemin d'une construction impressionnante d'ingénierie, la plus part n'y voyait là qu'un grand tonneau monté sur roue, et les plus téméraire s'amusaient à lui trouver des fonctions en rapport avec le transport de boisson … puis le regrettaient bien vite. Elle y voyait là un aboutissement et surtout une multitude de raisons pour consacrer des nuits pleines à tenter d'entrevoir les secrets d'une telle machine.


Ce n'était certes pas la première fois que sur le coup de la colère elle jurait de partir et trouver ailleurs ce dont elle avait besoin, mais étrangement au petit matin suivant, et ce pour la première fois, les feux de sa forge restèrent inertes, les marteaux silencieux.


Caste : Sanglier