[Sombre] Subamon

BG autobiographique écrit par Subamon

Chapitre I : L’enfance simple d’un sombre

Ma vie commença simplement comme beaucoup de sombres. Je vivais dans une petite tribu où la vie était stable. La paix fragile arrivait à se maintenir grâce à une veille alliance avec un groupe d’orc qui vivait à quelques jours de marche de notre village.
Nous vivions simplement, les jeunes étaient éduqués sur les croyances de notre déesse Shilen, les moins jeunes commençaient leur formation de mage ou de guerrier et les adultes continuaient de veiller sur la sécurité et la vie de la tribu.
Je vivais parmi la tribu avec mes parents et ma petite sœur. J’avais une admiration toute particulière envers mon père, un respect, je dirai presque une « divination ».
Il s’appelait Amon d’où mon nom sûrement. C’était un grand guerrier respecté de toute la communauté. Il avait maintes fois rempli les missions qu’on lui confiait. Il avait une foi extraordinaire pour un guerrier. Je restais là assis à ses cotés pendant des heures, l’écoutant me raconter ses aventures. Il était simple, mais comme beaucoup d’enfants envers leurs parents, je croyais qu’il était le plus fort toutes races confondues. Je le voyais comme un dieu.
Mais il disait simplement qu’il faisait ce qu’on attendait de lui, c’est peut être pour cela qu’il est resté « Prima » sans jamais demander plus.
En bref la vie jusqu'à mes 7 ans était simple et heureuse.

Chapitre II : Un monde s’effondre

Tout cela changea brusquement en plein milieu d’une réunion de tribu, quand des hurlements déchirèrent l’air tranquille d’une nuit sans lune.
Toute la tribu se leva le regard porté vers la forêt. On pouvait y voir un elfe d’une dizaine d’années sortir des bois hurlant comme si la mort le poursuivait. Quelques secondes après, on vît sortir un orc soûl, une hache à la main. Personne ne réagissait.
Mon père demanda à tout le monde si l’on devait laisser faire ça. Un des responsable de la tribu répondit que cela ne nous concernait pas et qu’un elfe ne mérite pas notre aide.
Mon père prit son épée, fonça devant toute la communauté à l’assaut de l’orc. Il jeta à terre le jeune elfe, mit un genou à terre pour éviter le coup de hache de l’orc qui tenait déjà difficilement debout, puis enfonça d’un seul coup sa froide lame dans le torse de la bête.
Un rugissement sorti de l’orc qui s’effondra sur mon père.
Le jeune elfe apeuré , prit la fuite en voyant toute la tribu arriver sur les lieux du combat.
Mon père se dégageant du cadavre de l’orc, se redressa et me regarda droit dans les yeux.
Les hauts responsables retournèrent l’orc pour y voir son blason.
C’était un orc allié du village voisin. Un vent de panique envahit toute la communauté.
Je voyais mon père, pour la première fois de ma vie, tête basse, ne disant mot. Les insultes pleuvaient, on le bousculait. Et lui ne releva même pas les yeux .
La grande prêtresse s’avança et calma la foule. Ses mots sont restés gravés dans ma mémoire :

« Amon, tu viens de faire la plus grosse maladresse qu’un membre de la tribu puisse faire.
Tu as tué un allié qui nous permettait de vivre dans une trêve fragile.
De plus, pour sauver un elfe ennemi juré de notre race et religion
Pour cela nous devrions te couper la tête et la donner aux orcs pour réparation de ta sottise ».

La prêtresse réfléchit un moment en discutant à voix basse avec quelques autres sombres.

« J’entends que vous avez bien servi votre maître avec foi et réussite pendant toute ces années et qu’apparemment c’est la seule faute que vous ayez commis.
Pour cela, votre vie sera épargnée mais on ne peut vous garder. Les orcs essaieront de nous faire la guerre, et avec vous dans le village, le maintien de l’alliance sera impossible.
Nous vous ferons passer pour mort et donc vous devez disparaître.
Partez, dès demain à l’aube et laissons Shilen décider de votre sort.
Surtout que l’on ne vous revoit jamais ou se sera votre mort »

Mon père sur ces mots alla chez nous, la foule le regardait partir sans un mot. Je rentrais moi aussi, après un instant figé par l’annonce qui venait d’être faite.
Quand je rentrais, il était déjà entrain de préparer un petit sac, son épée, et un arc avec ses flèches. Il me regarda, me fît un petit sourire, passa sa main dans mes cheveux.
Ma mère arriva avec ma sœur dans les bras et cracha à la figure de mon père.
Je n’ai jamais compris pourquoi elle l’avait rejeté sans même chercher à comprendre.
Mon père parti sans rien dire, il se retourna une dernière fois pour regarder ma sœur et moi.
Ma tête allait exploser, j’étais perdu. Le monde dans lequel j’ai grandi venait de partir en éclats. Alors n’écoutant que mon cœur je courus vers la forêt où s’enfonçait mon père.
Ma mère criait mon nom , je ne voulais plus la voir ni prononcer son nom de ma vie.
C’est la dernière fois que je les ai vu, elle et ma sœur.

Chapitre III : Une formation à l’écart

J’arrivais enfin à rattraper mon père après plusieurs heures de marche.
Il était assit sur un arbre couché. Et là il dit assez fort « pour un sombre tu n’es pas des plus discret, cela fait des heures que je t’entends me suivre »
Alors je m’avança vers lui, le regarda dans les yeux. Il me répondit par un sourire. Je lui sautais dans les bras.
Une seule question me venait à l’esprit et je ne pu m’empêcher de lui poser :

« Papa, pourquoi as-tu sauvé l’elfe ? »
Il me répondit assez sèchement :
« Je veux bien te répondre mais promet moi que l’on en reparlera plus »
« D’accord »
« Quand j’ai vu l’âge de cet elfe je me suis dit que cela aurai pu être toi »

Les yeux écarquillés, je pensais alors que tout était de ma faute. Et là mon père rajouta :
« De toute façon, aucun enfant d’aucune race ne mérite de mourir de la sorte.
Mourir au combat et la plus belle mort que l’on puisse avoir
Faut-il encore savoir se battre et ce n’était pas le cas de ce jeune elfe ».
Il me regarda et me sourit : « n’en parlons plus ».

Plusieurs années ont passé, mon père vivait très mal son bannissement. Alors il passait son temps à me former à l’épée et quelques incantations. Les jours pendants 10 ans étaient rythmés par la chasse le matin, l’entraînement à l’épée est au bouclier l’après midi, et le soir était réservé à la magie.
Une seule chose manqua à ma formation, la religion.
Je ne sais pas pourquoi, peut être à cause de son bannissement, mais mon père ne parla plus jamais de Shilen.
Moi de mon coté, j’étais passé par plusieurs périodes en me remémorant sans cesse cette scène qui changea ma vie et celle de mon père.
Plusieurs années passées à réfléchir sans en discuter avec mon père, mon fait passer du sentiment de culpabilité à celui de la haine.
Les elfes, je les haïssais de plus en plus. Ce qui était peut être paradoxale, mais c’était plus fort que moi, ça me prenait les tripes. Je ne me rejetais de moins en moins la faute. C’était les elfes la cause de notre mal. Et s’il n’y avait pas eu cet elfe, mon père et moi serions encore au village.
Et même si je remontais au delà de ma propre vie, avec le peu de formation reçu au village, la même conclusion venait à mon esprit.
Si notre race était à la place qu’elle mérite alors rien de tout cela ne serai arrivé.

Chapitre IV : Début d’une révélation

Je m’en souviens comme si c’était hier. Encore une nuit sans lune. Après un sommeil agité, je me réveilla en sueur, tremblant, avec quelques images en tête. C’étaient celles du village des ombres, celles de la main de Shilen. Je me suis dis « Pourquoi je rêve de ça ? Cela fais des années que je n’y ai pas mis les pieds, je ne m’en rappelais même pas ».
Aussitôt debout, j’alla voir mon père dans sa hutte, allongé sur son lit de fortune, pour lui parler de mon rêve.
Il était pâle, trop pâle. Je lui mis ma main sur son front, il était froid.
Je resta un instant à coté de lui puis il ouvrit les yeux et me dit : « tu as l’air soucieux ? »
je répondis : « vous avez l’air souffrant père »
« Je vois qu’il n’y a pas que ça fils. »
« J’ai fais un rêve étrange, je revoyais….. »
Il m’interrompit : « La main de Shilen »
« Oui père, comment le savez-vous »
J’étais intrigué.
Il me répondit en reprenant son souffle quasiment entre chaque mot :
« J’ai fais le même rêve mais j’étais plus jeune que toi, beaucoup plus jeune. C’est pour cela que je ne t’ai pas enseigné la religion de notre déesse. »
C’était la première fois depuis bien longtemps que mon père reparlait de religion devant moi.
« Pourquoi père ? »
« Pour te protéger mon fils, regarde ce qu’elle peut nous faire subir, mais elle a peut être un autre dessin pour ton avenir, et si elle t’a envoyé ses messages ce n’est pas pour rien crois-moi »
Il me faisait de plus en plus peur et je lui demandais :
« Pourquoi je ne reçois son appel que maintenant »
Il prit une voix comme il savait le faire dans les moments graves ; mais cette fois-ci, il avait l’air fatigué.
« Je vais rejoindre notre mère à tous Subamon, dans très peu de temps je le sais »
Je restais silencieux et je savais qu’il avait raison, je le ressentais aussi.
« Pars vers le berceau de notre race et découvre la foi que tu détiens »
« Je ne sais pas père, ce n’est peut être qu’une légende »
Mon père eu un rictus et me répondit :
« Je suis sûr que tu ne dira plus jamais ça dans quelque temps »
Et rajouta :
« J’étais comme toi avant, j’espère que mère te réserve un meilleur destin que le mien ».

Ce fut les derniers mots de mon père, de Amon le grand guerrier déchu.

Je laissa mon père et tout notre campement derrière moi.
Je n’avais plus rien à faire ici, je n’avais vu personne à part mon père depuis 10 ans.
Ni humain, ni orc, ni elf ou autre nain, même pas un frère ou une sœur.
Je décidais d’aller à la rencontre de mon destin.
Malgré moi, de suivre l’appel, si s’en était un.
Je serai bientôt fixé de toute façon.
Je marchais vers le village des sombres,
Vers Shilen.