[BG]Zekyrr Do'tlar, sombre

"Le passé coule derrière moi comme le sang de mes ennemis"

Voilà près de cent quatre-vingt six ans que je foule ces terres. J'ai porté ma première arme quand mon corps me le permit, et ainsi j'appris au milieu des miens à survivre et à vénérer la mort bien plus que la vie.

"Ce que Mère souhaite, je lui offrirais"

Ma famille était ce qu'il y avait de plus modeste, mais mes parents fondaient de grands espoirs en mon grand frère, Mernoth. Il était très fort, fier chevalier de Shilen, il était mon modèle. C'est auprès de lui que j'appris à tuer, à éviter d'être tué, et à détester.

Par amour pour moi il ne me faisait aucun cadeau et par respect il me torturait.
Grâce à lui je devins chaque jour un peu plus fort et un peu plus résistant. Les souffrances qu'il me faisait endurer ne servait qu'à me préparer à affronter celles que mes ennemis pourraient m'infliger. Nul ne me traita aussi durement que mon grand frère, et c'est ce qui faisait de lui à mes yeux un exemple à suivre.

Pendant presque 60 ans j'eus l'honneur d'être son élève. C'est ainsi que je pu connaître la faim, la soif et la douleur. Pourtant pour mes parents je ne serais que le second, et je n'arriverais jamais ne serait ce qu'à la cheville de Mernoth, mais ils se trompaient...

Mon frère jugea qu'il n'avait plus rien a m'apprendre, que je devais découvrir le reste par moi même et c'est ce que je fis. J'étais encore jeune, tout juste plus de 65 ans quand je me mis au service de la famille Dolentharr. La matrone avait une fille unique, Elyrath qui était destinée à lui succéder et il lui fallait un protecteur. C'est ainsi que je devins son Kyorl.

Pour la première fois mes parents semblaient fière de moi, et je me sentais bien. Je n'avais qu'une mission, protéger la vie d'Elyrath. Elle était hautaine et malgré qu'elle fut moins âgé que moi d'une dizaine d'année, cela ne l'empêchait pas de me donner des ordres auxquels je devais obéir du moment que ca ne mettait pas sa vie en jeu.

Pendant plus de vingt ans, il ne se passa rien. Je m'entrainais quand je le pouvais et toujours en présence de ma protégée. Un soir, alors que je l'accompagnais dans sa chambre comme chaque nuit, quelque chose attira mon attention, la porte d'un de ses placard était entrebâillé d'environs un demi pouce. Il ne me fallut que quelques seconde pour la transpercer, et encore quelques secondes pour voir du sang couler. Lorsque j'eus retiré mon épée ensanglantée, la porte s'ouvrit sous le poids de ma victime.

"Trahir c'est Mourir"

Mon frère était couché sur le ventre dans une marre de sang, son visage tordu par la haine, une dague à ses cotés. Elyrath s'évanouit devant le spectacle qui s'offrait à elle, et je n'eus pas la force de la rattraper... Mon propre frère cachait comme un vulgaire assassin prêt à commettre son méfait. Que faisait-il là et armé ? Qu'avais-je fait ?

La matrone de la maison arriva bientôt, sans doute alerté par le bruit et se mit à hurler en voyant un sombre mort dans la chambre de sa fille avant de le reconnaître et de sembler très déçus et soulagé à la fois. C'est seulement lorsque la maison fut fouillée de fond en comble à la recherche d'autres assassins, que la matrone me raconta la triste histoire...

- "Une rumeur courrait comme quoi ton frère était tombé amoureux d'une pâle... Aucune preuve, mais il ne fallait pas laisser de place au doute et c'est ainsi que mon mari parti tuer l'elfe en question... Mernoth était respecté pour ses nombreuses missions accomplis pour le temple, nous ne voulions pas le perdre voilà pourquoi nous avons annihilé la source du probable problème. Nous aurions du également le tuer, mais nous avons préféré lui laisser une chance, Mère déciderait de son sort et ce qu'elle vient de faire... Nous t'avons choisis comme Kyorl en espérant que cela dissuaderait ton frère de se venger, mais cela n'a apparemment pas suffit. Je suis désolée Zekyrr... Mais ne regrettes rien, tu as fait ton devoir et dès demain ta famille ainsi que le temple seront mis au courant de ton exploit. L'hérétique est mort et la vie de ma fille sauve."

La rumeur de la nuit passée s'ébruita lentement dans Nossta. Certains salirent le nom de mon frère et d'autres en parlaient avec déception. Mes parents étaient en colère mais me regardèrent avec respect. Bien que je savais que j'avais accomplis la volonté de Mère, je ressentais comme une lame transperçant mon cœur.

Je resta le Kyorl d'Elyrath jusqu'à mes cent soixante ans où je reçus pour mission de tuer les parents de l'elfe que mon frère avait tant aimé. Ils restaient une menace à abattre pour préserver la futur matrone et sauver la maison Dolentharr.

"Obéis et ne craint pas la mort, honore la"

Il me fallut vingt cinq ans avant de réussir à accomplir ma mission. Les trouver et réussir à les approcher fut bien plus dur que ce que je pensais, mais je finis par y arriver en analysant chaque moment, chaque endroits et chaque situations où mes cibles étaient confrontés.
Dix années passées à les suivre de loin et à préparer ma mission. Tout ce que j'avais pu récolter comme in formations me conduisis au pied d'un arbre au abord de la forêt où se trouver la maison de mes futures victimes. C'était là qu'était enterré leurs filles, et c'était là que j'allais frapper. D'après ce que je savais ils avaient acceptés le choix de leurs filles bien qu'ils ne l'approuvaient pas du tout et j'allais jouer cette carte. La mort de mon tendre frère n'est jamais arrivé jusqu'à eux, nos conflits internes ne doivent jamais arriver aux oreilles de l'ennemi pour éviter qu'ils s'en servent contre nous...D'après ce que je savais ils avaient acceptés le choix de leurs filles bien qu'ils ne l'approuvaient pas du tout et j'allais jouer cette carte.

Je ressemblais beaucoup à mon frère physiquement. Je mesurais un mètre quatre vingt cinq, ma musculature était imposante pour ceux de ma race, les yeux turquoise et les cheveux bleus nuit posés en pique sur ma tête. J'avoue avoir cultivé cette ressemblance, et aujourd'hui elle allait me servir à accomplir mon dessein.
A genoux devant la tombe, j'attendais sous la pluie, la tête baissés. Comme chaque année à cette date, ils viendraient...

"Si le sang de l'ennemi coule sur tes mains c'est que Shilen a guidé ta main, sinon c'est qu'elle te rappel à elle"

Le bruit des pas derrière moi me firent comprendre que je n'était plus seul. Deux personnes était là et la voix d'une femme où l'on pouvait lire la mélancolie et la surprise s'éleva.

- Mernoth ? Pourquoi n'es tu plus venus ? Elle t'aimait, même si nous n'avons jamais accepté son choix, elle t'aimait ! Et c'est son amour qui l'a tuée...

Sa voix se transforma bientôt en sanglot, et c'est celle d'un homme légèrement compatissante qui se fit entendre :

- Mernoth... Je sais que ca n'a pas été facile pour toi... Tu l'aimais et nous n'en avons jamais douté, c'est pourquoi nous avons toléré cette relation... Tu ne dois pas te reprocher sa mort, elle ne voudrait pas que nous t'accablions...

Une main rassurante se posa sur mon épaule. Pendant un instant, le doute s'empara de moi. Mon frère avait aimé l'interdit, nous avait trahit, et nous ne pouvions pas l'accepter alors que les pâles de leurs côtés semblaient bien plus tolérant... Mais je suis un enfant de Shilen, le doute ne doit pas exister, je n'ai qu'une mission et je dois la réussir pour ma Mère, pour mon peuple, pour mon sang.

Je me redressait lentement, l'elfe ne retira sa main qu'au dernier moment en ajoutant.

- Prions ensemble et rendons hommage ensemble à son nom.

En pivotant lentement vers lui, mon regard croisa le sien avant que ma dague ne s'enfonce dans son cœur et que je lui fasse faire un demi tour avant de la retirer, en laissant tomber une simple phrase dénuer de toute émotions.

- Un cadeau pour toi Mère.

Son visage surpris me regarda avant de s'écraser au sol. Sa compagne hurla en se laissant tomber à genoux, la tête baissée. Je m'approchait d'elle à grand pas avant de dégainer mon épée et lui enfoncer dans la nuque. Des torches s'allumèrent et je me mis à courir dans la forêt. Je l'avais fait, et maintenant j'étais poursuivis comme je l'avais prévu. Je connaissais le chemin par cœur, dix ans de préparation me donnait l'avantage... Pourtant une chose que je n'avait pas prévu se produisit, la foudre s'était abattu sur le pont que je devais traverser... J'avais attendu un soir de pluie pour augmenter mes chances de fuite et voilà que mon choix se retournait contre moi... Vingt mètre plus bas une rivière se déversait à torrent. Je devais me presser de faire un choix et c'est une flèche qui traversa mon épaule gauche qui m'y pousse.

"La mort n'est que le dernier cadeau de la vie"

Tout se passa très vite et je senti aucune douleur, le néant s'empara de moi, le froid m'embrasse amoureusement et guida mon corps comme s'il n'était rien de plus qu'un feu de paille. Lorsque j'ouvris les yeux j'étais étendus sur des galets. Je cracha de l'eau mélangé à du sang, mon corps me faisait affreusement mal et j'avais l'impression de ne plus pouvoir le bouger. Il me fallut plusieurs heures à regarder le ciel, avant de pouvoir commencer à bouger. Je me trainais tant bien que mal sur l'herbe. Une partie de la flèche était toujours dans mon épaule et avait empêché que je me vide de mon sang... Mais la blessure n'avait rien de réjouissante, et il fallait que je trouve un moyen de me soigner rapidement si je ne voulais pas y rester.

"Chéris mon nom et je t'exaucerais"

Des voix dans une langue que je connaissais se firent entendre, sans hésiter je me mis à a appeler à l'aide de toute mes forces , et c'est la dernière chose que je fit... l'effort me fit m'évanouir.
Lorsque je me réveilla pour la seconde fois, j'étais dans un lit, au chaud et plusieurs bandages recouvraient mon corps. Une sombre que je ne connaissait pas était à mon chevet, je l'entendis dire que ma fièvre était tombait que mes jours n'étaient plus comptés... Il allait sans doute me falloir plusieurs jours pour pouvoir quitter mon lit, mais je pourrais bientôt reprendre un semblant d'une vie normal et chaque jour comme avant celui là je vénèrerais notre mère.