[RP] La lame de Grafzdür.

Bien que les orcs ne soient pas célèbres pour leurs qualités de conteurs, qui sont très faibles il faut l'avouer, il arrive parfois que l'un des leurs marque les mémoires par des faits d'arme héroïques. Cette race guerrière par excellence connut ses plus grandes heures de gloire alors que l'humain en était encore à une ère de luttes intestines pour la conquête du feu et des arts de la forge, et quelque soient les histoires que l'on puisse entendre sur leurs héros, un nom revient toujours tel un écho : celui de Grafzdür la lame d'onyx.

Alors que les moeurs des orcs voulaient que les mâles de chaque village se voit devenir de grands guerriers et que les femelles soient cantonnées à l'ingrate et risquée tâche qu'était la maîtrise de la magie, Grafzdür, elle, rejeta les arcanes et se forma aux armes dès qu'elle le put. Bien que cela fut très mal vu par l'ensemble du village, jamais la jeune orque ne se découragea, bien au contraire elle poussa même l'affront jusqu'à devenir l'un des meilleur forgeron de sa race et surpasser la plupart des mâles au combat. Il lui fallut toutefois plusieurs décennies pour être reconnue pour ses hauts faits, et c'est son combat contre une puissante vouivre qui lui vallut cette reconnaissance.
En effet, le village dont Grafzdür était originaire, et dont le nom a depuis été perdu, était depuis plusieurs semaines la proie des attaques journalières d'une vouivre. C'était un grand dragon dont la cécité semblait ne pas être un réel handicap compte tenu du fait qu'il possédait une ouïe et un odorat surdéveloppés, ainsi qu'un appétit visiblement impossible à combler. Nombre de fiers guerriers et de puissantes sorcières tentèrent de stopper la bête, mais d'aucun n'y parvint. C'est là que Grafzdür forgea sa célèbre lame, celle qui allait mettre fin à la menace qui planait au dessus de son village. C'était une grande épée à deux mains créée dans un alliage d'acier et d'argent, dont la garde, construite dans de l'onyx, était ornée d'une magnifique tourmaline noire. L'orque nomma sa création Kragan, au nom de son seul fils, et demanda à ce que les meilleures mages du village l'enchantent. Ainsi armée, Grafzdür partit, seule, chercher la grande vouivre dans son antre.

Le monstre avait élu domicile au fond d'une grotte, proche d'un ancien caveau où étaient enterrés les corps de miliers de victimes d'une guerre oubliée. L'orque l'y trouva sans difficulté, l'haleine pestilentielle de la bête trahissant sa présence. Là, la guerrière enserra la garde de son arme et provoca le dragon en duel au dehors de la caverne. Le combat qui s'ensuivit dura deux jours entiers, aucun des deux adversaires ne semblant fléchir devant l'autre. Griffes et acier s'entrechoquaient, au milieu de cris de rage et de haine et maintes fois le cuir de la vouivre faillit être percé. La bataille atteignant son paroxysme et ses deux participants se laissant peu à peu rattrapper par la fatigue, les gestes de l'orque furent plus maladroits et elle ne parvint pas à parer un violent coup de griffe. La blessure qui en résulta la mit totalement hors d'elle. L'orque entra alors dans un véritable état de furie et laissa éclater toute la rage qui coulait dans ses veines. Malgré son infirmité, la guerrière leva Kragan à bout de bras et un rayon de lune vint frapper la tourmaline à sa garde. L'épée révéla alors tout le potentiel de ses enchantements, elle devint aussi légère qu'une branche de saule et plus maniable encore que la plus équilibrée des lames. Grafzdür puisa dans ce qui lui restait de forces pour s'élancer à l'assaut du monstre qui ne pouvait plus entendre le souffle de l'arme dans l'air, puis elle lui enfonça profondément dans la gorge. La vouivre hurla de douleur et dans un ultime geste rageur elle referma sa poigne sur son adversaire. Cela scella le destin des deux adversaires.

Constatant que les attaques avaient cessé au cours des jours suivants, les orcs du village comprirent que Grafzdür avait triomphé du monstre. Mais hélas, jamais ils ne purent célébrer son retour...
Dès lors, femelles et mâles orcs eurent tous le choix de leur orientation, que ce soit vers les armes ou les arcanes. Et quant à l'épée d'onyx, Kragan, on raconte qu'elle repose encore dans la gorge du dragon, attendant la poigne d'un héros digne de la brandir à nouveau.

Feïrgorth Nhylith

» La renaissance du Chante-Lame
» La lame maudite : Le "Zariche" (Ancienne chronique)