Nom : Kal'Daka
Âge : 665 ans
Race : Elfe clair
BackGround : Kal'Daka
Solstice d'hiver, il
y a 665 ans. Première naissance. Au cœur des terres elfes. Un petit village, où plutôt une petite communauté.
Ici, on est trop isolé pour recevoir la protection du village mère. Aussi, le village, si on peut appeler cela ainsi, ne compte que sur lui-même pour se protéger des pillages incessants. Chaque enfant mâle est destiné à un travail physique. Bêcher la terre ou porter les armes. Le plus souvent, les deux en alternance, en fonction de la nécessité de l'instant.
Mais cet enfant-ci, Jandar (prononcer "i-ahn-dar", le dernier "r" légèrement roulé), était sensiblement différent. Dès son plus jeune âge, il se montra moins robuste que les autres, mais pourtant ce n'était pas en négatif qu'ils se distinguait des autres. Pas très causant, il commença dès qu'il put marcher à s'éloigner de ses parents, parfois plusieurs heures. À l'âge de dix ans, ses fugues – car personne ne savaient jamais où ils allaient – le menaient déjà au plus profond des bois ou des marais qui entouraient les terres cultivables – et cultivées. Chaque fois, il revenait avec de quoi nourrir sa famille pour les quelques jours précédent sa prochaine escapade. Gibier ou baies sauvages, des choses souvent inattendues mais toujours comestibles.
On avait dès le début renoncé à se poser des questions. Il se nourrissait par lui-même, il n'y avait donc pas à travailler pour lui. S'il revenait, tant mieux pour lui, sinon, personne ne le pleurerait. À vrai dire, beaucoup pensaient qu'il aurait été un fardeau dans les tâches habituelles du village.
L'enfant, lui, était loin de toutes ces réflexions. Il vadrouillait, à l'instinct. Il chassait, à l'instinct. Il cueillait, à l'instinct. Il revenait, à l'instinct. On pourrait presque dire qu'il ne pensait jamais. Comme si son esprit était continuellement absent de son corps. En réalité, son esprit se cherchait.
Il était né avec une étrange conscience de lui-même. Exacerbée, peut-être. Mais anormale, assurément.
Cela n'irait pas en s'arrangeant. Cela continua, immuable, pendant vingt ans. Vingt ans pendant lesquels seul son corps changea. Et encore. Il grandit, bien sûr, mais malgré sa vie à moitié sauvage, la
robustesse ne vint jamais. Il restait fin. Pas vraiment grand, mais pas petit non plus. Banal. Cela dit, son corps était capable de subvenir à tous ses besoins. Il le portait quand il vadrouillait dans les arbres. Il le portait quand il courrait après une proie. Et quand il courrait avant un loup.
Fin de l'automne, il y a 547 ans. Seconde naissance. Il rit. Mais plus pour très longtemps. Le loup qui le poursuivait vient de faire brusquement demi-tour. Ce n'est pas normal, il était en train de le rattraper. Il s'arrête, se retourne. Il ne rit plus. Il vient de perdre son "camarade de jeu" pour une raison obscure. Il est arrivé près du village certes, mais d'habitude cela ne les arrête pas tant qu'il n'a pas passé l'orée de la forêt. Son instinct s'affole. Il court vers le village. Pour savoir.
Il sait. Ils sont tous morts. Étalés sur le sol, dans leur sang. Quelques uns ont eu le temps de saisir leur fourche ou leur bêche. D'autres encore ont pu aller chercher leurs épées. La plupart n'ont probablement juste rien compris, rien vu venir. Ils sont juste morts. Au loin, il reste quelque chose. Penché sur un corps. Pas loin de sa maison, croit-il sans en être sûr. Est-ce le corps de sa mère ? Il ne sait pas, il ne se rappelle même plus son nom. D'habitude quand il rentre, il les appelle juste maman, papa, frérot, petite sœur.
Mais la créature penchée sur le cadavre, ça il connaît. Il ne reconnaît pas, mais il connaît. Comment le sait-il ? ; Devant l'inconnu, le différent, il y a deux réponses possibles : c'est fort, l'instinct dicte la fuite. C'est faible, l'instinct dicte la mise à mort. Mais là, l'instinct ne dicte rien. Alors il ne bouge pas. Il regarde Ça approcher. Ça le regarde aussi. Avec un sourire sadique. Avec du sang qui suinte hors de sa bouche. Avec des yeux blancs. Ça ressemble à un démon.
Il ne bouge pas. Ça lui tourne autour, Ça le frôle. Ça écarte les cheveux qui tombe sur son cou.
Et puis Ça trésaille. Ça s'enfuit, brusquement, sans raison apparente. Il porte la main à son cou. Le sang s'écoule. Il s'évanouit.
Et il se réveille. Vide. Il n'a aucun souvenir. Il n'est rien. Il n'a pas de passé. Juste un loup qui lèche le sang séché sur ses épaules. Il a faim. Il regarde le loup. Celui-ci cesse son "repas" et s'assied. Il connaît maintenant son nom. Il vient de s'imposer à lui comme une évidence. Kal'daka. Il se relève. Le loup part. Il regarde autour de lui. Qui sont ces gens ? Aucune idée. Mais ils sont tous morts. Il ne réfléchit pas, il part dans une direction au hasard. Le loup le suit, de loin.
Le loup est sûrement mort maintenant. Il erre depuis quatre siècles. Sans but. On lui dit qu'il est paladin, qu'il doit anéantir les démons et le mal. Il le fait. Mais son instinct n'aime pas ça. Ce n'est pas juste. Alors il chasse, pour rétablir l'équilibre. Au monastère du silence. Il tue autant d'ange qu'il tue de démons au temple de Pagan. Ça, c'est juste. Équitable.
Son corps a changé, un peu. Il est plus rapide. Il est plus résistant. Il suit le cours du temps sans le combattre. À quoi bon, il ne peut pas mourir de toutes façons. Il est vide, mais en vie. C'est son seul but. Survivre. Pourquoi ? Parce que c'est le sens fondamental de la vie. Puisqu'en tant qu'elfe, il est immortel, à quoi bon engendrer des descendants ? Il assure à lui seul la pérennité de sa lignée.
Il enchaîne les époques et les lieux. Vie sauvage, vie de ville. Il peut s'adapter à tout, puisque son esprit n'a pas de forme. Il entend parler d'autres êtres, des elfes sombres. Il s'en fiche. Son instinct lui dit que cela n'a aucun intérêt. Et il écoute son instinct, toujours. Ça, ça n'a pas changé. Son instinct lui dicte où aller, et grâce à cela, il n'a jamais eu d'ennui. Oh, bien sûr, il a déjà du se battre. Et fuir. Combattre contre plus faible, fuir contre plus fort. Il a appris quelles armes utiliser contre quels ennemis. Et ainsi, il survit. C'est aussi simple que cela.
Actuellement. Toujours le même. Son équipement a suivi le cours du temps, son corps celui de la vie. Le loup l'accompagne toujours, maintenant. Juste là, gravé sur le pommeau de son arme. Il a combattu quelques humains. Ceux qui voulaient l'enfermer dans leurs clans, faire de lui leur soldat. Il n'est pas un soldat. Il est libre. Il a combattu beaucoup d'elfes sombres. Il les évite, d'habitude, car pour une raison qu'il ignore, tout elfe sombre qui croise un elfe clair se sent obligé de le tuer, et inversement. Non sens. On tue pour survivre. On tue ce qui nous menace ou ce qui nous nourrit. Rien d'autre.
Bien sûr, parfois, il n'a pas pu en éviter certains. Alors, ceux-ci sont devenus menaces. Certains sont morts, d'autres lui on couru après en vain. Toujours pareil.
Mais cela va changer.
La semaine passée. Troisième naissance. On crie. Des bruits de combat. Au milieu de Pagan. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, mais d'habitude, ce n'est pas son problème. Mais cette fois son instinct lui dit d'aller voir. Alors il fait demi-tour, revient vers l'entrée du temple. Inconsciemment, il se lance quelques bénédictions.
Il y est. Les morts-vivants aussi. Et une elfe. Au milieu. En temps normal, ce n'aurait pas été son problème. Mais cette fois, ce n'est pas normal. Son instinct lui dicte le combat. Quelque chose vient de se passer, là, quand le sort de l'elfe à fait se désintégrer net un des zombies. Pour la première fois de sa vie, de ses vies, son esprit a rejoint son corps. Son instinct n'est plus seul à contrôler ses mouvements. Il ne l'avait jamais cherché, mais c'était sûrement cela qui lui manquait tout ce temps. Lui-même. Car l'instinct est impersonnel. Il est le même pour tous. L'esprit, lui, est personnel. Unique.
Il s'approche en courant. À quelques mètres, il lance un sort. Les créatures se retourne vers lui, lui foncent dessus. C'était le but. Il se concentre. Renforcer son bouclier, renforcer son corps. Il ne sent pas les coups.
L'elfe continue de lancer ses sorts. Des zombies meurent, les autres fuient.
Il n'a qu'un mot en tête.
L'elfe se tourne vers lui. Elle s'approche. Ils s'éloignent un peu, pour ne pas se faire attaquer à nouveau.
Ils discutent. Et puis, à un moment, il s'agenouille sur le sol froid. Avant qu'elle n'ai pu dire un mot, celui qui raisonne dans sa tête sort de ses lèvres. "Tirn". Elle le regarde, sans comprendre. Elle comprends le mot, mais pas ce qu'il vient faire là. Il répète.
_Tirn
Il a enfin trouvé un but à sa vie. Il lui est apparu, là, clairement, en même temps que son esprit a rejoint son corps. Il enchaîne.
_ Je voudrais être le votre. Vous servir et vous protéger.
S'ensuit une longue discussion.
(La troisième partie à déjà été jouée IG, elle sert donc de transition directe entre le BG et le jeu)