[BG-Sombre] Xyllith

Pas un souffle d’air sur le marais, l’armure est lourde et étouffante dans cette humidité, mon bras d’arme est engourdit par le poids de l’épée que je porte pourtant je ne relâche pas ma garde. Ils m’ont prévenu, « Soit aussi dur que le roc si tu espères devenir Chevalier de Mère ». J’applique, bon gré, mal gré. J’avance à nouveau dans la fange du marais, aux aguets, nul ne sait ce que doit combattre un aspirant pour devenir chevalier, le secret est jalousement gardé.

Le coin a l’air calme, mon bras fatigue… J’en ai marre de parcourir ce foutu marais en espérant trouver autre chose que les vagues de spectres qui l’habitent. Une idée venue d’une ancienne vie, avant mon apprentissage au Temple emprunte des chemins oubliés de mon esprit pour éclore en marge : et si je tendais un piège ? L’idée est plaisante, autant laisser l’éventuelle épreuve venir à moi. Je m’approche d’un arbre croulant sous la mousse pour me hisser dans les branches.

Ça va faire des heures que je suis sur cette foutue branche à attendre, je ne perds pas patience, j’observe et je laisse courir mes pensées, à la base rien ne me destinait particulièrement à devenir chevalier. Mes parents étaient des gardes moyens, en patrouille un peu partout sur le territoire… « Étaient » est le mot clé. Ils sont morts lors d’un accrochage sur la frontière. Des humains je crois. Je ne les connaissais pas vraiment, j’ai passé la majeure partie de mon enfance sous la tutelle de la garde de Nossta, puis à la mort de mes parents, c’est le Temple qui a pris en charge mon éducation. J’ai été formé au combat jeune, puis j’ai passé du temps dans la bibliothèque du Temple. Cherchant ma voie.

L’attente est trop longue, j’ai eu besoin de bouger. Je saute dans la boue et je repars dans le marais, tournant le problème dans ma tête. Je me sens près pour cette initiation. Je tourne et retourne encore dans le marais, obstiné. Je l’ai toujours été d’ailleurs. Quand on vient me mettre devant un choix à l’âge adulte où j’ai refusé ne sachant quoi réellement choisir, je me suis replié dans les forêts autour du village, pour souffler et faire le point. J’ai fini par vivre des années là-dedans avant de me sentir appelé par la Déesse. J’ai rejoins le Temple à ce moment-là en demandant à devenir Chevalier de Shillien. Je me rappellerais toute ma vie de la tête du Tétrarch quand il m’a vu entrer. Pour lui, j’étais mort depuis des lustres.

L’entraînement a été long et a pris du temps, j’avais beaucoup oublié pendant mon repli, j’ai du tout réapprendre, et surtout j’ai dû me perfectionner. J’avais des lacunes à l’épée, ma garde n’était pas assez forte, et j’avais oublié des passages des textes sacrés. J’en rougis encore de honte aujourd’hui.

Là, un coin sec, je m’assois pour réfléchir. Et si cette épreuve n’était pas qu’un combat ? Après tout, les chevaliers doivent La défendre non ? Pensif, je récite une courte prière en observant les alentours. Un objet m’attire l’œil dans ce bourbier, ça ressemble à un ancien symbole sacré. Je m’approche, une marque de Shillien, je la prends, m’attendant à une résistance qui ne vient pas. J’ai un léger sourire en me dirigeant vers la terre ferme et non boueuse.

Le combat, c’est contre soi-même qu’il a lieu.