Qui est donc cet Olymos ?
De loin il semble blond, grand et humain. De près il l’est également, sauf peut être sa chevelure qui cache quelques traînées rousses. Des yeux, deux, marrons, sont rognés sur les cotés par des paupières tombantes. Signe d’une fatigue permanente ? Non, seulement d’une sale tronche fignolée par une bouche prise en sandwich entre un nez imposant et un timide menton se vantant d’un rasage hebdomadaire. Si l’on poursuit cette descente infernale, on tombe sur des épaules larges sur lesquelles sont accrochés des bras ballants et plutôt costauds.
Une belle tablette de chocolat, couverte par quelques petits bourrelets disgracieux, il n’en faut pas moins pour soutenir un torse velu aux tétons paraissant se fuir l’un l’autre. Plus l’on descend, moins ça s’arrange.
Il se déplace calmement, d’une allure raide mais déterminée, les bras le long du corps, parfois une main dans la poche. Il prête grand attention à ce qui ce passe autour de lui sans pour autant être en alerte. La paranoïa n’est pas l’un de ses défauts.
Les gens ayant eu le bonheur, ou le malheur, de le croiser vous diront qu’il est un homme difficile à cerner. Ses attitudes sont douteuses et son franc parler a le dont d’énerver son entourage. Il dit tout haut ce qu’il pense tout bas, même si le plus souvent il ne devrait pas. Il ne soigne pas son image car il se fiche complètement de ce qu’on peut penser de lui. Provoquer est une seconde nature chez lui. Il pense que de cette manière les gens montrent leur véritable nature, et peut donc aisément se faire une opinion sur eux.
Il est le seul à connaître son passé. Si un jour il vous fait l’honneur de vous le raconter, il dira qu’il a été ramassé à l’age d’ 1 ans par un groupe de nomades, composé de deux familles bien distinctes qui avaient pour habitudes, voir même coutume, de marier leurs enfants entre eux. Ils vagabondaient sur l’île parlante. Ils vivaient de divers petits larcins comme le pillage des champs ou l’appropriation volontaire de linge qui séchait sur un fil, revendaient ce qu’ils trouvaient ou volaient dans le village suivant. Bref, pas une vie des plus normale, mais une vie quand même.
Il avait 17 ans à cette époque, pas encore marié, pas plus attaché que ça à la fille du voisin. Il prenait malin plaisir à engendrer des conflits entre les deux famille. Rien de plus facile que de piquer les bijoux de l’une et de les foutres dans la caravane de l’autre. Ca le faisait pisser de rire. Plus ça allait, plus les embrouilles se faisaient violentes et fréquentes. Il admirait son œuvre au loin en affichant un sourire narquois.
Un matin, ce fut le canular de trop. Une bagarre. Une dent par terre, un bras cassé et une tête qui vole vers un horizon certain, celui du sol. Les deux familles se livrèrent bataille. Loin d’être une bataille historique, elle opposait quand même une dizaine d’individus, sans compter les bonnes femmes de ces messieurs qui braillaient comme des chèvres. Olymos s’éloignait, à quatre pattes, son cheval l’emmenait au port de l’île. Il avait 19 ans.
Il passa cinq bonnes années à errer aux alentours de Gludin. Il ne fit pas parler de lui durant cette période. Il vivait et mangeait ce qu’il pouvait. En général il se débrouillait seul, mais savait profiter de la bonne nature des gens qu’il rencontrait.
Aujourd’hui il fait parti d’un groupe de mercenaire qui a établi son camp à Oren. Ca paye à condition de bosser en parallèle pour un autre groupe installé dans le marais des cris, au nord.
Certain le considère comme un ami, ils ont peut être tort, d’autres comme un ennemi, ils ont sûrement raison.