Cela faisait quelques temps qu'elle n'était pas sortie du château. C'est donc naturellement ce jour là qu'Erini prit le chemin de Giran. Arrivée sur place, la pluie tombait, transperçant vite la petite tenue qu'elle portait. Pas très prompte à se déplacer (le choc peut-être?) la pluie eut le temps de se transformer en grêle et c'est cognée par les blocs de glace qu'elle courut se mettre à l’abri sous le porche du temple, rejoignant un petit groupe déjà présent.
Grelottant et tremblant, elle n'eut heureusement pas longtemps à attendre. Le grêle redevint pluie, la pluie devint soleil en quelques minutes, et Erini partit d'un pas pressé vers la banque, se changer. Quand elle revint, elle eut le temps de parler un peu avec Calista avant qu'une énorme bourrasque de vent se mette à souffler. A peine s'interrogeait-elle sur le phénomène qu'elle se sentit propulsée en avant et dégringola les marches, gardant avec peine l'équilibre, évitant de se rompre le coup.
Marmonnant contre la sale journée qui s'annonçait, elle s'assit sur les marches, encore plus maussade qu'à son arrivée. Elle quitta finalement la ville au bout d'un moment, préférant se réfugier dans le calme de Dion.
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Plus tard dans l'après-midi, une jeune humaine du nom d'Elina, fraîchement arrivée sur ces terres, avait réussi à échapper à la surveillance de son garde Naodis, et s'était rendue sur la place de la ville naine, cherchant à discuter un peu, comme à son habitude.
Elle y parvint facilement quand elle remarqua qu'un homme qui l'avait abordé un peu plus tôt, un certain Leo, perdait de l'argent, qui se répandait par terre, sans s'en rendre compte. Elle s'en approcha donc et lui tapotant l'épaule, lui montra les pièces au sol. Comme il se baissait pour les ramasser, il en perdit une nouvelle flopée et elle décida de l'aider, se baissant à son tour. Lui tendant la poignée de pièces, elle les fit malencontreusement tomber dans les escaliers, éternelle maladroite qu'elle était. Gênée, elle recommença à les ramasser, tandis que l'homme ronchonnait. Elle entendit alors un sinistre craquement de tissu. Ne se doutant que trop bien de ce qui s'était passé, elle rendit précipitamment les pièces à Leo, les mains dans son dos, sur sa robe, courut se changer, suivie de près par un Naodis énervé, arrivé entre temps.
Quand elle revint, pas spécialement inquiétée de ces phénomènes qui ne la changeaient pas de son quotidien, elle vit un lapin sur la place. Comme il semblait effrayé, elle voulut le prendre dans ses bras mais elle se retrouva à son tour changée en lapin. Encore capable de conscience, elle commençait à se demander si cette journée n'était pas particulièrement étrange, et voulut demander de l'aide à Naodis. Mais parler quand on est un lapin n'a jamais été chose aisée. Elle décida donc de poursuivre le lapin, espérant que si elle le touchait, elle redeviendrait humaine. Un autre lapin était apparu entre temps, qui essaya de lui monter dessus. Elina la lapine se mit à crier, tandis que Naodis, qui avait suivi tous ces événements, mettait un coup de pied dans le lapin violeur. A son tour il se changea en lapin blanc. S'en suivit une espèce de course poursuite entre les quatre lapins qui les mena en dehors de la ville. Lapin Elina, poursuivant toujours le lapin qui l'avait transformée, tomba à l'eau, et redevint, à son plus grand étonnement, humaine. Quelque peu paniquée de ce changement subit, elle commença à boire la tasse, criant. Lapin Naodis dut comprendre car il sauta à l'eau, buvant brièvement la tasse à son tour sous le changement brutal, avant de se précipiter vers la jeune femme pour la ramener sur la berge.
Remise de sa semi noyade, Elina avisa le lapin Sylphide qui allait se faire tirer dessus à l'arc par un homme, voulant l'aider, elle s'approcha de lui mais un nouveau contact la rechangea. Rebelote, le lapin en chaleur s'en prit à elle, Naodis le poussa, et se transforma à son tour. Commençant à sérieusement détester cette journée, Elina prit le chemin du lac, se frottant au passage à Leo, histoire de lui apprendre à assassiner des lapins. Riant dans sa moustache de lapine quand ce dernier se transforma, elle sauta à l'eau, veillant à rester près du bord pour ne pas se retrouver en difficulté.
C'est à nouveau en humaine, mais trempée, qu'elle découvrit Sylphide en sang, une dague dans les côtes. Elle aida à le soigner, rejointe plus tar par Naodis qui s'était finalement jeté à l'eau tandis que Leo le lapin courrait un peu partout. Les soins achevés, une Kamaelle approcha un peu trop près d'Elina, et fut vivement repoussé par Naodis, un peu trop protecteur. Voyant cela, le compagnon de l'ailée, dégaina son énorme épée et chargea l'humain. Dans un mouvement Elina, se mit devant en criant, s'attendant déjà à la fin. Mais le Kamael, très prompt, s'arrêta juste devant elle, qui le regardait éberluée, les jambes en coton. Tombant par terre sous le choc, elle eut à peine le temps de se remettre qu'un cri retentissait dans la ville.
Arrivés sur la place, le petit groupe put constater que la Kamaelle était coincée en haut de la cathédrale. Les hommes lui criaient de descendre en se servant de son aile, moqueurs, tandis que son compagnon Kamael semblait la conseiller, dans une langue inconnue. Finalement la Kamelle retrouva le sol tandis que des tremblements secouaient le sol, renversant Elina sur Naodis, et qu'un morceau du temple se détachait et s'écrasait en fracas près de deux humains.
Pensant finalement qu'en cette journée folle, tenter de faire des connaissances semblaient vraiment risqué, Elina entraîna Naodis et les deux s'éclipsèrent de la place du malheur.
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Erini était au calme de Dion quand des paysans affolés de Floran vinrent demander de l'aide. Un troupeau de buffles ravageaient tout sur leur passage. Ayant ramené de l'aide de Floran, tout le monde se dirigea vers le village.
Quelques imprudents se firent piétiner, tandis qu'Erini, à dos de dragon, essayait d'attirer le troupeau, qui n'en faisait qu'à sa tête. Finalement, se remettant de ses blessures, le groupe perdit de vue les bêtes.
Suivant leurs traces, ils arrivèrent devant le château, mais cherchèrent en vain. Profitant du "calme", Arkhael et Firiel ne trouvèrent rien de mieux que s'énerver, dégainant leur arme. Erini se mit entre les deux, manquant de peu un coup d'épée de Firiel. Ce dernier sembla se calmer, mais la poussa soudainement pour se jeter sur Arkhael. Sylphide dégaina à son tour tandis que la rouquine sautait sur le dos de Firiel.
La bagarre éclata, sous les yeux des autres présents. Erini se retrouva vite au sol, à moitié assommée, tandis que tous près, les coups fusaient. Landreth et Sylidan s'empressèrent de la pousser plus loin. Arkhael et Leo tombèrent, et c'est une Erini enragée qui les fit mener au château à dos de dragon. Se tournant ensuite vers Sylphide et Firiel, elle gratifia chacun d'une gifle avant de s'en aller vérifier l'état de Dion.
Quand elle arriva, on voyait clairement au sol les traces du passage des buffles. Le bâtisses semblaient épargnées mais beaucoup de blessés se faisaient transporter au temple. La jeune femme songeait sérieusement à se pendre quand Sylidan, Shuren et Landreth la rejoignirent, suivis plus tard de Leo et Arkhael, à peine remis sur pied. S'en suivit une bagarre anarorienne, Leo s'en alla, imité plus discrètement par Shuren et Landreth tandis qu'Erini se défoulait sur Arkhael, sous le regard de Sylidan. Finalement lassée, elle se détourna du soldat, se retrouvant avec Sylidan. Ses piètres mots de réconfort n'eurent pas vraiment d'effet sur elle et elle prit le chemin de Giran.
Elle descendait les marches sur le chemin menant à la banque quand elle sentit un grand poids propulsé dans son dos, et bascula en avant. Elle eut le temps de penser que cette journée de m#@*censuré* n'était finalement pas terminée avant de s'assommer cette fois pour de bon sur une des marches. Même les cris stridents de la coupable, la petite Nirfa, ne la réveillèrent pas. Shuren alerté se chargea finalement de la faire emmener au temple devant lequel elle daigna ouvrir les yeux.
La fin de ce jour maudit s'acheva finalement sans plus d'encombre, notre rouquine épuisée finissant par s'endormir à même les marches de la ville naine.