PROLOGUE
Il ne se souvenait de rien, absolument de rien. Le seul « flash » à sa mémoire serait bien un tremblement de terre survenue quelque part dans les terres d'Azurya, et d'avoir senti sans les entendre comme des centaines de voix appelant à l'aide... Bien que sachant la puissance des forces de la Nature pour à chaque fois renouveler le cours de la Vie, celui-ci était apparemment d'une trop grande envergure pour que Cataphylos puisse en supporter les conséquence.
Personne, pas même lui ne purent expliquer le choc qu'avait occasionné cet évènement sur cet Elfe. D'un naturel impulsif et rieur, maladroit mais toujours à chercher une solution en tous, il était le petit "gai luron" du clan auquel il appartenait jadis. Ils l'avaient même surnommé "Cata, Catastrophe" mais jamais dans le but de le blesser en aucune manière. Fort habile de son arc, maîtrisant les distances comme aurai pû le faire un géant, en aucun cas on ne lui aurait prêté de sentiments de fragilité ou de peur face à l'inconnu. Certes il appréhendais comme tous le danger, mais il savait le prix de la vie et osait là où il était facile de ne pas s'aventurer, jusqu'à oser pénétrer en territoire ennemi, et s'allier d'amitié avec des Sombres, pas UN mais bien DES Sombres...
C'est pourtant dans un coma profond qu'il fût trouvé par ses frères & sœurs, et qu'il fût ramené en son village natal.
Lorsque ce dernier se réveilla, il avait peur. Peur des autres autour de lui, peur de l’air qu’il respirait aussi. Pendant des semaines, personne ne put l’approcher, la lumière du jour ne pût même le toucher, tant il redoutait « un feu céleste »… Il revint petit à petit à lui, et pût réapprendre le langage elfique, jusqu’ici perdu lui aussi.
Cataphylos essayait péniblement de trouver ce qui l’avait rendu à ce point amnésique, et tous ses efforts ainsi que ceux de son village n’y parvinrent pas. On ne sût jamais si ce fût l’apparition de cette nouvelle race, ou bien si c’était ce nouvel instinct de survie qui avait amené Cataphylos à tout oublier.
LE NOUVEAU CATAPHYLOS
Le plus incroyable était qu’il n’avait malgré rien perdu de sa bonne humeur : le sourire aux lèvres, le rire facile, il aimait vivre des petits bonheurs simple de la vie, et il pouvait passer toute une journée à courir après une fée sans se rendre compte du temps qui passe.
Quand parler avec les siens lui était redevenu évident, il fût de nouveau apprécié dans son village. Les elfes avaient été averti de l’état dans lequel le plus sensible de leur frère leur étaient revenu. Aussi, avec patience, ils avaient réintégré Cataphylos, qui était pourtant parti du village natal dans le but de découvrir tout le reste du monde.
Son goût d’apprendre toujours plus n’avait pas non plus changé… Mais la nature de ses curiosités elle avait quelque peu changé : bien que ne se rappelant pas son extrême maîtrise de l’arc et son aisance dans l’usage de ses flèches, Cataphylos s’était tout naturellement tourné vers le bâton de bois renfermant des pouvoirs magiques de guérison. Eh oui, cet ancien archer se sentait le désir de panser, comme tous les siens les plaies de leur mère protectrice de Heine, l’arbre de Vie. Sa façon à lui de remercier le don de la Vie fût de se donner corps & âme à l’apprentissage des techniques de soins et de protection de la nature.
Il avait ainsi tout simplement retrouver le goût de vivre. Il avait échangé la pièce de son réveil pour les longues heures de méditation, adossé aux arbres, ou bien aux abords des cascades et des rivières. La solitude que lui procuraient ses instants de paix intérieure, ainsi que la compagnie chaleureuse et agréable de ses frères du village faisaient à nouveau partie de la vie de Cataphylos.
Malgré cela, sans le savoir, à nouveau germait tout doucement en lui la graine du voyage, celle de la découverte des autres que lui. Observer les cascades se transformer en rivières, et voir les rivières partir loin, loin, là-bas au-delà des frontières de sa terre natal, Cataphylos savait sans trop y songer qu’un jour lui aussi suivrait son propre chemin, tout comme chaque molécule d’eau partait d’un point d’origine pour aller se joindre à toutes les autres et ainsi suivre leur chemin de vie. Un jour, Cataphylos devrait lui aussi quitter son lieu d’origine pour suivre son propre chemin, guidé par l’élément qu’il maîtrise le mieux : l’eau, et la divinité qui la représente, Eva.
L’arbre Mère avait bien sûr besoin de ses soins à lui aussi, mais sa bonté ne pouvait s’arrêter à sa mère seule. Et si on pouvait donner plus d’énergie à toute la planète, est-ce que Mère s’en porterai mieux ? Notre jeune guérisseur songeait à cette quête qui s’annonçait des plus périlleuses, mais n’osait encore pas s’y aventurer. Avant de prendre soin de sa Mère au point d’entamer l’aventure de sa vie, Cataphylos devait prendre soin de lui, et donc renforcer ses talents nouvellement acquis.
Il semblait donc comme évident qu’une toute nouvelle vie s’ouvrait à cet ancien spectateur de la venue des Kamaels….
Pourtant quand la lune sanguine à l’œil unique hante de sa présence le ciel, Cataphylos se sent mal à l’aise, il est a nouveau pris de vertiges et de sueurs, et ne sais pas pourquoi….
Le jour de son départ, les quelques vérités qui étaient jusque là caché à Cataphylos lui furent révélé. Oui, il était un archer il y a fort longtemps, et le périple de partir découvrir la vie par delà les murs du village, ce n’était pas la première fois que Cataphylos l’avait emprunté, lui avoua à contrecœur le chef du village. Il connaissait cet elfe depuis sa plus tendre enfance, et bien que l’Amour de son peuple occupe une grande place dans son cœur, il était né sous des cieux favorables au don de soi pour les autres. Ces autres sont, bien plus que ceux de son sang, les autres races qui peuplent les terres d’Azurya.
Cela devait être écrit dans les astres que Cataphylos devait partir une première fois, mourir de cette vie d’archer pour renaître dans celle-ci, le guérisseur de la douleur sous toutes ses formes et le protecteur de la nature dans toute son infinité. Seul Cataphylos ne s’en rendait pas compte, pour lui le début de sa vie avait commencé ce matin où le réveil fut difficile.
Mais il partit malgré tout afin d’aller chercher un remède à leur Mère à tous… Et peut-être même sans le savoir, un remède pour lui, et cette amnésie qu'il avait mis de côté. Et cette lune oculaire qui l’oppressait, une blessure comme une cicatrice invisible semblait ressurgir à chacune de ses apparitions… On ne peut pas fuir son passé toute sa vie.
Jeu 21 Mai - 0:42