Les voyages d'Alrun

J'ai reçu une lettre de maman ! J'ai reçu une lettre de maman ! criait la petite naine, folle de joie, en courant sur la place de Giran, droit vers la seule personne présente : Miliane. Alrun sortait à peine de la boutique d'armure, et n'avait même pas prit le temps de finir de se changer. Elle avait une drôle d'allure vêtue de sa petite jupe de toile avec le haut de sa nouvelle cuirasse ... Elle ne laissa pas deux minutes à l'elfe pour réagir et continua, à peine moins fort :

- J'ai reçu une lettre de maman ! Elle dit qu'elle sera au village dans les prochains jours !
- Euh ... C'est bien ça, tu ...
- Il faut que je rentre à la maison, si j'arrive avant elle je pourrais lui préparer une surprise ! Un repas peut-être, ou une fête, ou alors ...
- Alrun ? Tu n'avais pas une nouvelle importante à lui annoncer ?
- Ah oui ...

La petite naine baissa la tête, l'air soudain assombri, mais une fraction de seconde plus tard, elle la relevait avec un large sourire.

- Ben oui, mais il vaut mieux le faire dans une bonne ambiance ! Et puis, mon papa il voudrait pas qu'on soit triste, il voudrait qu'on boive une bonne choppe de bière pour lui et qu'on fête mon retour et celui de maman. Et puis je pourrais lui raconter touuuuuuuut ce que j'ai fais ici, elle sera fière de moi !

Les mains croisées dans le dos, Alrun offrait un sourire désarmant à l'elfette, qui finit par sourire aussi.

- C'est vrai ... Mais change toi avant de partir, tu as l'air de sortir d'une cabine d'essayage.
- Ben c'est le cas, répondit innocemment la petite naine, remarque qui fit sourire Miliane. Tu as raison, j'vais me changer. Et je pars tout de suite ! Et je reviens ... ben je sais pas trop quand. Mais je reviens.
- Bon voyage dans ce cas, soit prudente.
- Promis !

Et la voici repartie en trombe vers la boutique pour récupérer ses affaires. Quelques minutes après, c'est une petite naine surexcitée qui se présenta devant la passeuse, portant sur son dos un sac plus gros qu'elle. Il fallut quelques secondes à la jeune femme et un brusque hochement de tête pour réaliser que la naine venait de lui demander un passage pour le village nain.
Une fois arrivée sur place, Alrun sortit dans la neige, et commença à grimper le sentier qui menait à son petit village, un peu plus haut sur la montagne, tout en imaginant ce qu'elle pourrait préparer pour le retour de sa mère.

Après deux jours passés à ranger de fond en comble sa maison et à retirer la poussière qui s'était déposée durant son absence, Alrun avait fait le tour du village pour demander de l'aide. Bientôt, tout le monde connu l'aventure de la jeune naine et la mort de son père. Mais, après les quelques instants de deuil, chaque villageois aida de son mieux la voyageuse à préparer une fête pour le retour de la caravane, et surtout pour célébrer la mémoire de son père et des autres voyageurs qui ont périt avec lui.

Le soir même, les marchands arrivèrent au village. En toute hâte, tout le monde les aida à vider leurs chariots, puis la nouvelle circula de la mort de l'artisan et de ses compagnons de voyages, et la population du village se retrouva dans la maison d'Alrun pour honorer dignement sa mémoire. Nombre de litres de bières furent ingurgités ce soir là, nombre de chansons furent entonnées et nombre de louanges adressées à Maphr pour le repos des nains qui avaient perdus la vie. Lorsque le jour se leva, on pouvait observer dans la maison une scène caractéristique de fin de soirée naine : une grande majorité était endormie sur le sol, sous la table, souvent une choppe de bière encore dans la main, d'autres encore éveillés continuaient de boire, dans des états allant de la forme la plus complète à l'ivresse la plus totale. Etonnament, Alrun était toujours aussi pétillante de bonne humeur et racontait des histoires de son voyage debout sur une table à ceux, encore lucide, qui continuaient à l'écouter. "Elle tient de son père, celle-la !" lançaient régulièrement les nains en riant, "trois tonneaux de bière ne lui feraient rien !", remarque auxquelles la jeune naine répondait avec un sourire perplexe "Ben pourquoi vous dites ça ?", de qui déclenchaient de plus gros éclats de rire.
Lorsque la fête fut finit, la maison vidée de nains ivres et moins ivres, rangée, et calme, Alrun et sa mère se trouvèrent enfin seules autour d'un léger repas. Alrun raconta une fois de plus à sa mère ce qui était arrivé lors de son voyage, comment elle l'avait cherchée, et enfin comment elle était rentrée rapidement en recevant sa lettre. Une fois son récit finit, sa mère lui sourit et dit :

- L'important est que tu sois rentrée saine et sauve, ma fille ... Maintenant que tu as les capacités suffisantes pour m'aider à reprendre l'atelier de ton père, il va falloir montrer aux autres que notre travail vaudra le sien.
- Reprendre l'atelier de papa ? répéta Alrun d'un air surpris.
- Bien sûr, il nous faut bien vivre.

La jeune naine baissa les yeux, visiblement embarrassée, ce qui étonna un peu plus sa mère. Celle-ci chercha le regard de sa fille et la questionna doucement.

- Qu'y a-t-il ? Qu'est-ce qui te contrarie ?
- Ben ... ben, je me suis faite des amis là-bas à Giran ...
- Et bien ? Il faudra y aller pour vendre le fruit de notre travail, tu les reverras.
- Oui mais ... ben ... je les verrais moins souvent.
- Alrun, tu sais bien que les nains doivent rester neutre envers leurs potentiels clients, soupira sa mère.
- Je suis neutre ! Je les aime tous pareil ! Y'en a qui ne sont pas tout le temps gentils, mais je sais qu'ils le sont au fond. Et puis c'est pas des clients, c'est mes amis.
- Mais si tout le monde est ton ami, tu n'aura jamais de client. Tu ne veux plus être artisan ?
- Si si, et j'ai déjà un client !
- Un client ? C'est vrai ?
- Ouiii, il s'apelle Natix, il est tout gentil, et c'est mon ami, et il ... répondit Alrun avec enthousiasme.
- Et il t'a demandé quoi ? l'interrompit sa mère, qui commençait à s'attendrir mais gardait son esprit commerçant.
- Ah, euuh ... Deux armures, une ... une majestic ... mais ... j'ai oublié laquelle ... et l'autre je ne sais plus ...

L'air déconfit de la jeune Naine fit rire sa mère, qui se leva et commença à chercher quelque chose dans une armoire. Elle en sortit un petit carnet et une plume qu'elle posa sur la table devant sa fille.

- Tiens, c'est pour toi. L'indispensable carnet de l'artisan. Tu y noteras tes commandes. La plume appartenait à son père, elle est enchantée, essaie d'écrire pour voir.
- Mais, je n'ai pas d'encre ...
- Essaie.

La petite naine saisit la plume d'un air dubitatif et commença à écrire son nom sur la première page. A son grand étonnement, le nom s'incrivit aussi lisiblement que si elle venait de plonger sa plume dans un encrier.

- Tu pourras noter tout ce qui te sera utile dedans. Le client que tu as à mis énormément de confiance en toi Alrun. L'armure majestic n'est pas des plus faciles à fabriquer, tu ne dois pas décevoir sa confiance.
- Oui maman.
- Tu devrais le trouver pour lui redemander ce qu'il voulait précisément, et profite en pour discuter de ta rémunération.
- Oui maman.
- Et même si c'est un ami, n'oublie pas l'argent !
- Oui maman.
- ... et quand comptes-tu repartir ? demanda sa mère en souriant.
- Euh ... Ben je sais pas, je voulais rester un peu pour revoir mes amis ici quand même.

La mère de la jeune naine se leva et se dirigea vers sa cuisine, en lui lançant une dernière réponse, "tu peux rester autant de temps que tu veux, mais n'embête pas trop les autres artisans !".
"Oui maman !" s'écria Alrun, en s'élançant dehors à la recherche de ses amis.

Quelques jours plus tard, Alrun réveilla sa mère au lever du jour. Cette dernière se réveilla et s'aperçut avec étonnement qu'un énorme sac était prêt devant la porte. Cette petite ne tenait donc pas en place ...

- Maman ! Maman ? Je vais retourner à Giran aujourd'hui !
- Hum ... tu as vu l'heure ...
- Ben oui, il fera moins chaud, pour marcher c'est plus agréable !

Poussant un long soupir, la mère se leva et grommela un "attends quelques minutes" avant d'aller dans cette petite pièce où étaient entreposés tout les objets qui ne servaient plus à personne. Elle en ressortit avec quelques parchemins et un petit paquet, et posa le tout sur la table, sous le regard curieux d'Alrun. Les parchemins étaient divers patrons et modèle de fabrication d'armures et d'objet de bas niveau. Le paquet quand à lui contenait une paire de lunette d'artisan.

- Prends ces lunettes, c'était les miennes quand j'avais ton âge. Tu auras l'air d'une sérieuse travailleuse avec ça, tu auras encore plus de clients.
- Ah bon ? Ah ben je les mets tout de suite alors, répondit Alrun, mettant les lunettes sur son front. Je peux y aller maintenant ?
- Oui, je crois que c'est tout ... Ah non, promets moi d'être prudente.
- Mais oui !
- Et écrit moi souvent.
- Oui oui !
- Et revient nous voir de temps en temps.
- Oui oui !

La vieille naine soupira mais avec le sourire cette fois, et elle ébouriffa les cheveux de sa petite fille. Qui devenait grande. Un baiser sur le front, un autre de la part d'Alrun, et la petite naine sortit en trombe, portant toujours ce sac plus grand qu'elle et son énorme hache. Sa mère, toujours en robe de chambre, la regarda s'éloigner du pas de la porte. Il fallait être inconscient pour laisser une puce pareille voyager seule. Elle commençait à être agée, mais gardait une âme si enfantine qu'on se demandait si elle serait capable de mener sa vie comme il le fallait. Mais après tout, elle était revenue en pleine forme et pleine d'enthousiasme de Giran, où elle avait passé quelques mois seule. Et puis, peut-être que cette indépendance serait justement l'occasion de lui apprendre la vie. Quel meilleur moyen pour connaître les désagréments de la vie et les malheurs de ce monde que de les affronter pour de bon ?
Après tout, c'est comme ça qu'on s'endurcissait, en faisant face à l'adversité et non en l'évitant soigneusement.

Un soir, après le travail, alors que les feux s'allumaient dans les cheminées, un nain frappa à la porte de la mère d'Alrun et lui déposa une lettre. La brave naine s'assit au coin de son feu et ouvrit la lettre.

Citation :

Chère maman,

Je suis rentrée à Giran depuis une semaine ! J'ai retrouvé très vite mon client, Monsieur Natix, et il m'a redonné sa commance ! Une armure Tallum et une autre Majestic ! Ca va être difficile, mais je n'abandonne pas, en plus Monsieur Natix est très gentil.

La naine poussa un soupir attendri et murmura "Apprendra-t-elle un jour la neutralité qui sied aux commerçants ..." avant de reprendre la lecture.

Citation :

Il est à l'infirmerie d'Aden, il est très blessé, je ne savais pas bien pourquoi mais maintenant il m'a tout expliqué. On a beaucoup discuté tu sais, il est trèèèès gentil. Mais il était un peu perdu au sujet de l'amour, alors je lui ai expliqué tout ce que tu m'as appris ! Et puis il m'a raconté son histoire, avec un médaillon, et tout, et je lui ai dit que je l'aiderais un peu. C'est compliqué, je ne vais pas te l'expliquer ici.
J'ai recontré des gens aussi, Monsieur Landreth, un chevalier, Monsieur Shuren, un autre, Madame Arkane, une Sombre un peu bizarre, et puis Jillian la soeur de Monsieur Natix. Ben on m'a dit ici que les Sombres étaient très méchants, et je suis pas d'accord. Par contre Jillian, je la trouve pas gentille du tout. Je comprend pas tout, elle dit qu'elle aime Monsieur Natix, mais elle lui crie toujours dessus, et elle le gronde, et elle lui dit qu'il gêne. Moi je trouve qu'elle a pas l'air de l'aimer, et je l'aime pas non plus du tout du tout. D'ailleurs, je comprend pas comment Monsieur Shuren peut être amoureux d'elle parce qu'elle est pas gentille, mais j'ai pas tout compris non plus à l'amour ...
Ah, j'ai rencontré un drôle de Sombre aussi, qui m'a demandé un golem de combat pour prendre Aden ! Mais j'ai refusé de lui faire, je veux pas qu'on fasse de mal aux gens qui sont à Aden moi.

Nouveau soupir. Et la neutralité ?

Citation :

Mais Madame Nyha est arrivée et m'a dit que rien ne serait fait à ces gens, et puis elle est très gentille. Oh ! D'ailleurs ! Madame Nyha va se marier avec Monsieur Anterius, le chef des Larmes de Shilen ! Et moi je serais la demoiselle d'honneur de Madame Nyha ! Il faut absolument que je me trouve une robe !

Bon j'arrete la, bonne nuit maman !

Pleins de bisous !
Alrun, ta petite fille qui t'aime

La brave naine replia la lettre et fixa longuement le feu. Alrun n'avait pas encore cette neutralité, mais peu importait, elle apprendrait. Par contre, cette histoire avec une certaine Jilian était inquiétante. Alrun n'avait jamais ressenti de colère sérieuse, ni de haine, ni jamais non apprécié quelqu'un, et voilà qu'elle avouait ne pas aimer une femme. Et ne pas comprendre pourquoi quelqu'un l'aimait. Oui, sa fille avait changé avec cette rencontre. Et cette histoire de mariage ! Bien sur tout le monde savait que le chef des Larmes de Shilen allait se marier, mais les nains voulaient absolument rester neutre dans cette histoire, alors sa propre fille, demoiselle d'honneur de sa future femme ... Enfin, c'était sûrement une amie. Alrun ne devait pas saisir l'importance de ce mariage ni l'importance de sa place là-bas. Elle comprendra plus tard ...

Deux jours plus tard, la brave mère reçu un nouveau courrier de sa fille et la lut avec un peu d'appréhension.

Citation :

Chère maman,

Aujourd'hui, j'ai participé à la grande course, de Rune à Aden, avec tout le monde ! Il y avait Alienor, et Madame Nyha, et Madame Erini, une guerrière et puis un Sombre que je connaissais pas. Et puis Monsieur Elwin et un humain que je connaissais pas qui suivaient la course. Et puis Monsieur Shuren qui organisait. Et Madame Etania, et puis Monsieur Kruma.
On devait passer par trois villes et ramasser des pierres là-bas, et puis arriver à Aden. J'ai mis les vêtements que m'a offert Alienor pour lui faire plaisir et puis parce que c'est ma tenue d'artisan maintenant ! Et puis elle m'a prêté un Strider ! C'est rigolo de monter dessus mais il faisait un peu n'importe quoi. D'ailleurs à cause de ça ... je me suis perdue. Et puis il s'arrêtait tout le temps pour regarder le paysage ! Et puis il avançait pas vite. Mais il était rigolo. Par contre du coup ... j'ai perdu. Et de très très loin. Mais à la fin, Monsieur Kruma, un orc très gentil ...

Elle interrompit sa lecture et poussa un long soupir. Un orc ... Après la future femme des Larmes de Shilen, Alrun s'attachait à un Orc. Et elle détestait une jeune humaine. Sa fille se faisait de drôles de relations ...

Citation :

... Monsieur Kruma, un orc très gentil, m'a suivi sur le dos d'un dragon et m'encourageait. Même qu'à la fin il m'a donné un dé pour me consoler d'avoir perdu ! Et puis il m'a promit qu'il reviendrait me voir, il est très gentil. A l'arrivée, Monsieur Shuren m'a posé une question de consolation parce que j'étais la dernière. Il m'a demandé combien y'avait de drapeaux noirs sur la route ! Mais je me suis perdue alors je les ai pas vu moi, et puis les rares que j'ai vu étaient violets en plus .... Enfin j'ai pas trouvé, et personne n'a trouvé en fait.
Et tu devineras jamais ! Madame Erini a gagné mais Monsieur Shuren a refusé plusieurs de ses demandes pour la récompense, alors elle lui a dit de nous donner à Alienor et à moi ce qu'on voulait, et que c'était ca le prix qu'elle demandait. Madame Alienor a rien choisi encore, moi j'ai demandé un Strider ! Tu te rends compte j'aurais un Strider ! Je pourrais venir te rendre visite plus vite !

A nouveau, elle interrompit sa lecture et hocha la tête, la main au front. Un Strider ! Sa fille sur un Strider ! Elle n'osait même pas imaginer le résultat !

Citation :

Donc je pense que je viendrais bientôt.

Voilà !

Gros bisous
Alrun, ta petite fille chérie.

Ce fut presqu'une semaine plus tard que Madame Olrik reçut la lettre suivante de sa petite fille. Toujours avec un peu d'appréhension mais beaucoup de joie, elle entama sa lecture.

Citation :

Chère maman,

Cette semaine, j'ai beaucoup combattu avec d'autres nains de la régions pour récupérer le plus possible de matériaux pour faire des armures. J'ai toujours pas de quoi faire la moindre commande, mais ca avance. En plus j'ai croisé Solveig par ici ! Je savais pas qu'elle allait venir par ici ! C'est super, douée comme elle est, elle va trouver tous les composants dont nous avons besoin. J'ai beaucoup cherché dans des catacombes, en plus j'ai donné les pierres de couleurs que j'ai trouvé à une Sombre qui m'a donné un gros paquet de composants. D'ailleurs, de plus en plus de gens me donnent des sacs de composants ! Peut-etre que j'y arriverais finalement qui sait !

Un sourire éclaira le visage de la brave naine. Alrun semblait enfin s'interresser de plus près à son futur métier et y mettre du coeur. Apparemment, elle avait trouvé l'aide d'autres nains, ce qui n'était pas une mauvaise nouvelle. Elle apprendrait sûrement ainsi à devenir la meilleure commerçante qui soit.

Citation :

Et tu sais quoi ? Monsieur Shuren m'a donné ma récompense ! Mais au lieu de me donner un strider, il m'a donné un loup de monte. Il est énorme et il est super gentil ! Mais moi j'étais triste, tu sais. Je rêve d'avoir un strider depuis tellement longtemps, et je pensais l'avoir alors ... Mais je lui ai rien dit hein, parce que ca serait pas poli ! Il m'a donné un loup, je sais que ca a plus de valeur que le strider. Mais j'aurais préféré le strider ...

Madame Olrik plaqua une main sur ses yeux. On lui offrait un loup et elle pleure sur un strider ! Il y avait vraiment des choses qui lui échappaient à cette petite ...

Citation :

Mais en fait, Ayane m'a trouvé alors que j'étais toute triste. Alors je lui ais tout expliqué. Et elle m'a apprit qu'on pouvait élever des striders soi même ! Comme j'étais triste, elle m'a accompagnée jusqu'à l'éleveur pour lui demander comment faire. Alors on a dut faire faire une pierre pour parler à une fée, et la petite fée, elle nous a envoyé voir un dragon. Un vrai dragon maman ! Tu te rends compte, j'ai vu un vrai dragon ! J'ai à peine osé lui demander si je pouvais élever un de ses enfants. Mais en fait, il m'a dit qu'on lui avait volé ses oeufs ! Du coup, j'ai été les reprendre aux voleurs, et je lui ai ramené. Alors pour me remercier, il m'en a donné un et m'a dit de l'amener à la fée. Ayane avait dû rentrer à Giran. Et là, la fée, elle m'a aidé à faire éclore l'oeuf. Tout doucement. Tu te rends compte ? Il a éclot sur mes genoux ! C'est une petite dragonnette, un vrai bébé dragon, et en plus elle croit que je suis sa maman. Quand elle sera grande, je pourrais la dresser et la monter !

Un long soupir agita Madame Olrik. Sa fille venait d'adopter un bébé dragon. Quelle autre catastrophe se préparait ... Quelles étaient les nouvelles dans le dernier paragraphe ...

Citation :

Après toute cette aventure, on est rentré à Giran. Je leur ai présenté Ksenja - ma petite dragonne - et puis on a discuté avec Ayane. J'ai appris qu'à Giran, ben, c'était elle la chef !

Nouveau soupir, nouveau geste d'accablement. Qu'avait-elle appris à sa fille ! Elle ne connaissait même pas le nom de celle qui dirigeait une des plus prestigieuses associations de ce pays

Citation :

Et donc, elle m'a demandé si j'arrivais bien à travailler, et puis j'ai dit que non. Alors elle m'a proposé de travailler pour elle ! Je fais partie de son clan maintenant ! Elle est en train de faire mon petit blason. Je suis la première à entrer dedans ! Enfin pas tout à fait, elle m'a dit qu'y avait du monde avant, mais y'a plus personne. Alors je suis la première à revenir on va dire. Je suis toute fière, je vais faire tout ce que je peux pour l'aider ! Et tu le dis pas, c'est un secret, mais elle va nous faire visiter son chateau.

Bon, je vais aller me reposer moi, demain j'aurais peut-être du travail !
Bonne journée ma maman chérie !

Bisous
Alrun, ta petite fille

Et cette fois, c'est un sourire de fierté qui éclaira le visage de la mère. Sa fille, la première sollicitée pour entrer dans le clan nouvellement formé de Dame Ayane. Peut-être qu'on pouvait en faire quelque chose malgré tout ...

Une soudaine agitation s'empara de la forge de Giran, à peine la nuit tombée. Les forgerons allaient tout juste fermer l'établissement lorsqu'une petite tornade orange entra en trombe, posant sur le sol un sac gigantesque dans un fracas métallique. Face à son sourire candide, son énergie, et la sachant nouvellement au service d'Ayane, ils décidèrent de lui laisser un peu de temps pour faire ce qu'elle avait à faire. Ils acceptèrent même de lui préparer des paquets de composants afin de lui faciliter la tache et de lui fabriquer une partie du vernis dont elle avait besoin. Alrun leur ouvrit donc son sac, leur donna une grande liste où étaient notés de manière très organisée les diverses recettes dont elle avait besoin.

Alrun baissa ses lunettes sur ses yeux et raviva le feu de la forge pendant que les bons artisans executaient leur tâche avec une rapidité et une application exemplaire. Ils en reçurent de chaleureux remerciements de la jeune artisane qui s'extasiait devant leur capacités. Puis elle se mit au travail. La jeune naine fit fondre l'argent qu'elle avait amassé et à grand renfort de coups de marteau elle forma minutieusement des moules. Après les avoir renforcés avec le vernis que lui avaient préparé les forgerons, elle y fit couler du mithril en fusion et laissa refroidir les cadres métalliques qu'elle venait de former.

Elle s'appliqua alors à réaliser un alliage de mithril et d'acier qu'elle fondit en lingots grâce à un moule mis à disposition par la forge. Lorsqu'elle en eut en quantités suffisante, la nuit était fort avancée. Les forgerons commençaient à s'agiter un peu, regrettant d'avoir laissé la forge à Alrun qui semblait avoir encore beaucoup de travail. Mais elle ne voulut rien entendre quand ils lui proposèrent leur aide. "C'est le moment le plus important ! Je veux y arriver moi-même" déclara la jeune naine, qui ne semblait sérieuse et réfléchie que dans son travail. En effet, elle sortit de son sac les plaques qu'elle avait préparées pour faire l'armure. Elle usa de son alliage pour les renforcer, les travailler, et fit de nombreuses aller et venues entre le feu et l'enclume pour donner forme à ces plaques, jusqu'aux multiples gravures qui les recouvraient. De plus en plus impatient, les nains guettèrent avec impatience le moment où elle releva ses lunettes avec un sourire rayonnant. "Et voilaaaaaaaaaaa ! Il ne me reste plus qu'à tout assembler !"
Les forgerons échangèrent un regard, puis se tournèrent vers elle.

"Tu n'as pas besoin de la Forge pour cela, petite ?
- Ben si, il me reste du vernis à fabriquer pour les finitions. Et je suis pas petite !
- Tiens, tiens prend ça, dit l'un des forgerons tandis qu'un autre se précipitait pour rassembler les outils nécessaires à faire le vernis et lui donnait. Comme ça tu pourras finir chez toi.
- Mais ... faut que je range aussi.
- Non ne t'en fais pas, nous allons le faire.
- Mais et le ...
- Ne t'en fais pas, ne t'en fais pas ... répéta-t-il en la poussant gentiment dehors.

Et Alrun se retrouva dehors, dans un claquement de porte. Mais au lieu de s'offusquer, elle sourit largement et se dit "Ils sont super gentils les employés de la Forge ! Ils m'ont fait une grande partie du vernis !". Et elle se dirigea vers la Place avec toutes ses affaires dans un énorme sac.

Quelques minutes plus tard, Alrun débarquait au milieu d'Echo, Miliane, Shuren et d'autres, qui discutaient sur la Place. Elle laissa tomber son sac dans un bruit metallique et leur adressa son souriant bonjour. Un instant d'hésitation, et elle leur demandait avec ce même sourire désarmant s'ils n'avaient pas des matériaux en trop sur eux ... Et Miliane et Echo lui donnèrent de bon coeur ce qu'elle avait. A la plus grande joie d'Alrun, le paquet d'Echo contenait certains de ces composants qu'il lui était difficile de trouver. Les laissant ensuite à leurs discussions, elle s'assit sur les marches et entreprit de fabriquer son vernis à l'aide d'un vernis grossier, de poudre d'os et de pierre de pureté. Lorsque cela fut finit, elle assembla minutieusement les plaques et les cadres métalliques. Enfin, elle fixa le tout sur une armature de cuir qui devait rendre l'armure agréable à porter. Puis elle recouvrit le métal de son vernis de quelques gestes rapides et précis.
La jeune naine poussa un soupir de soulagement une fois son travail fini et regarda le résultat avec un sourire satisfait. Au lieu de se reposer tandis que le vernit séchait, elle rangea toutes ses affaires. Puis elle se tourna à nouveau vers le fruit de son travail. Elle l'inspecta dans tout les sens, passa les mains à l'intérieur pour vérifier que rien ne gênait, la fit bouger pour vérifier que tout coulissait parfaitement, et enfin, elle le rangea précieusement dans un sac de toile. Sa première armure, enfin finie. C'était un bon début. Il ne restait plus que le heaume et bottes à fabriquer ...