Une aprentie sans maître

La femme encapuchonnée.
Aliénor ne connaissait même pas son vrai nom, elle avait pris l'habitude de l'appeler «l'inconnue » ou « mille-voix », elle pensait pourtant que la femme lui faisait assez confiance pour lui révéler son nom. Pourquoi ne lui avait-elle pas dit ? Était ce si important pour elle de cacher son identité ? De ne pas savoir qui était la personne qu'elle cherchait, cela compliquait bien la tâche de la jeune fille.
De jour comme de nuit, on voyait la petite humaine rousse repasser par tout les endroits ou « mille-voix » avait été aperçue.
A Giran, à Rune, sur la plage cachée en face du port, à la foret de la mort, ... Aliénor fouilla tout les terrains où la femme l'avait emmenée. N'obtenant rien de ses recherches, elle finit par demander à un peu tout le monde, aux humains comme aux aux sombres, s'ils n'avaient pas vu cette femme. Elle n'obtint que des regards surpris, ou des haussements d'épaules. Il faut dire que sans connaître réellement son visage, ni son nom, il y avait peu de chance que quelqu'un puisse l'aider.
Appuyée contre un mur, elle fouilla sa mémoire, essayant de se souvenir qui pouvait la connaître. Malheureusement, « mille-voix » avait une mauvaise réputation, si quelqu'un l'avait vue, il n'en dirait rien.
Aliénor voulait apprendre plus, s'entrainer encore et encore, devenir forte, comme la femme lui avait promis. Les livres de magie qu'elle avait reçus étaient maintenant couvert d'une bonne couche de poussière, simplement cachés sous le lit de la jeune fille, et les sorts qu'elle avait appris commençaient à être bien maitrisés.
Déclic ... Aliénor se redressa, avec une lumière dans les yeux. Shuren, c'était Sire Shuren qui la connaissait ! Il lui en avait parlé, quelques mois auparavant. Valdus et lui avait évoqué le nom d'une nécropole, près d'Aden, qui servait sois-disant de cachette a la femme. Ils voulaient s'y rendre, s'y rendre dans le but de ... la jeune fille se mordit la lèvre, en chuchotant "mince !", puis demanda d'un ton sec à la passeuse de l'envoyer à Rune.
... Et si c'était pour cela que « mille-voix » avait disparu ? Shuren aurait-il réussi ce qu'il voulait, sans en dire un mot à sa conseillère ? L'aurait-il .. tuée ?

Après avoir parlé avec Shuren, qui affirma ne pas avoir revu « Mille-voix » depuis des mois, la jeune conseillère se lança dans l'exploration de la nécropole au nord d'Aden. Une nécropole banale, avec toujours la même petite distance à parcourir sous l'eau. Elle plongea donc. Arrivée de l'autre côté, elle découvrit non sans étonnement que quelqu'un avait vraiment vécut ici.
Un petit lit miteux, une étagère portant des livres recouverts de poussière, un sac et une lettre posés sur une table dans un coin.
Aliénor fouilla le sac, ne récolta que quelques pièces, et commença à lire la lettre.

« Si tu trouves ce papier, c'est que je suis morte, ou qu'on m'a tuée. Tout ce qui traine ici t'appartient, alors je ne te demande qu'une chose, d'aller voir mes sœurs pour leur annoncer ma mort. J'espère que tu feras bon usage de mon savoir,
Valentina Ivanova Dementieva. »

La jeune fille se posa plein de questions « Ses sœurs ? Elle a des sœurs ? ...Comment a t-elle pu mourir ..? ». Elle se dirigea vers les étagères, souffla sur les bouquins poussiéreux, et regarda leur tranche. Tous des livres de nécromancie, de magie noire, et autres. Elle en mit quelques uns dans son sac, et continua de fouiller le reste des lieux.
Des taches de sang, ... Et cette odeur immonde, avec les traces d'un grand feu. Tuée, puis brulée ? C'est la conclusion que tira Aliénor.
Elle remarqua un petit autel de pierre, avec un os, et un livre ouvert, « Expérimentation 0084, est-il possible d'animer un squelette à partir d'éléments disparates ? ». Un livre apparemment écrit par Valentina elle-même, où elle détaille ses expériences sur les morts, la vie et les âmes.
Elle retourna vers la table, attrapa le sac et y mit les ouvrages restants.
Dans le reste de la pièce, il n'y avait que deux ou trois capes, que la mystérieuse femme portait. Aliénor n'en pris qu'une, de laquelle se dégageait des traces de magie.
Elle repartit, laissant derrière elle cette cachette miteuse. Il ne restait que les meubles, et une odeur infecte.

De retour a Rune, elle s'installa dans sa chambre, empila les bouquins, et commença a trier les affaires récupérées. En se regardant dans un miroir, avec la cape sur les épaules et la capuche sur la tête, elle se souvint de la femme. Qui était-elle vraiment, a part une sorcière ? Pourquoi m'avoir prise moi comme apprentie ?
Aliénor retira la cape, s'allongea sur son lit et se plongea dans la lecture des livres. Elle décida d'apprendre encore plus, d'étudier cette magie en profondeur. Dans l'un des livres, elle découvrit une lettre pour Hardin, demandant la permission d'enseigner, ainsi que le programme que Valentina avait prévu pour Aliénor.
Et Shuren, devait-il savoir tout cela ? Etait-ce lui et Valdus, qui avait finalement tuée cette femme ?

Sans savoir où cela la mènerait, la jeune conseillère n'espérait que trouver les réponses à ses questions, et pourquoi pas, gagner en force.